Congo-Kinshasa: Service national - Opposants, Église et société civile dénoncent des enrôlements forcés

Dans le sud de la République démocratique du Congo (RDC), alors que le chef de l'État, Félix Tshisekedi, procède ce 20 juin 2024 à Lubumbashi, au lancement du Service national, des opposants, représentants de l'Église catholique et acteurs de la société civile dénoncent des enrôlements forcés de jeunes dans le cadre de ce programme créé en 1997. Explications.

Le chef de l'État congolais, Felix Tshisekedi, procède ce 20 juin 2024 à Lubumbashi, au lancement du Service national. Déjà plus de 500 jeunes désoeuvrés de quelques villes de RDC y sont enrôlés et ont été envoyés au centre de Kaniama Kasese au centre de la région du Katanga. Ils devraient apprendre différents métiers dont l'agriculture.

À Lubumbashi, cette opération menée par la police suscite toutefois des controverses. Que ce soient les responsables de l'Église catholique, ceux de l'opposition politique ou encore la société civile, tous dénoncent un enrôlement forcé qui viole les droits humains. Des accusations que rejette le Service national.

« Ça devient du travail forcé »

Ce week-end, 200 jeunes ont pris l'avion de Lubumbashi vers le centre de Kaniama Kasese ou ils vont intégrer ce Service national. Mais pour Hevré Diakiese, porte-parole du parti politique de l'opposition Ensemble pour la République, le recrutement ne s'est pas fait selon les règles. Ces jeunes ont d'abord été interpellés par la police. « Lorsqu'on décide d'arrêter quelqu'un parce qu'on trouve sa chevelure trop abondante, ou parce que son style vestimentaire vous déplaît - et la police est chargée d'arrêter de telles personnes et de les amener directement au Service national - ça devient du travail forcé », lance-t-il.

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De son côté, l'archevêque de Lubumbashi rappelle que le Service national a été créé pour accueillir des jeunes diplômés et désoeuvrés qui se portent volontaires pour être initiés aux divers métiers et au patriotisme. Monseigneur Fulgence Muteba affirme : « Au début de cette opération, quand Mzee Laurent-Désiré Kabila [président de la RDC de 1997 à 2001, NDLR] l'a commencée, c'était sur une base volontaire, un peu comme on le fait pour enrôler des jeunes dans l'armée ou dans la police. Et donc leurs libertés doivent être fondamentalement respectées. »

La Commission nationale des droits de l'homme à Lubumbashi, elle aussi, déplore des cas d'arrestation arbitraire lors de cette opération. Pour leur part, les responsables du Service national soutiennent que ces jeunes s'engagent volontairement.

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