Le 18 juin 2024, le Président Alassane Ouattara s’est adressé au Parlement réuni en Congrès, à l’occasion de son discours sur l’état de la Nation, ce en vertu de l’Art 114 de la constitution ivoirienne du 06 novembre 2016.
Il faut dire que ce rituel, qui est le 4ème du genre, est un exercice qui entre dans la normalité des pratiques républicaines, en ce sens qu’il permet au président de la République de faire un bilan à « mi-parcours » et de tracer des perspectives pour la nation. Seulement cette année, cette adresse coïncide avec les prémisses de l’élection présidentielle de 2025, quoique la compétition ne soit pas encore ouverte, mais les candidatures déclarées ou présumées se font jour.
Celle du président Alassane Ouattara en l’occurrence était attendu lors de son discours devant le congrès, dans son camp comme du côté des autres acteurs politiques. Il n’en fut rien.
Nul doute qu’elle va dans un sens ou dans un autre structurer les futures joutes électorales, notamment au regard du nombre de candidatures qui seront confirmées. La veillée d’armes a maintenant commencé pour la plupart des acteurs politiques au sein du RHDP notamment, mais aussi des excroissances de l’ancien FPI de Gbagbo, et du PDCI. Au total on n’entrevoit pas moins de 10 candidats sur la table du Conseil Constitutionnel, avec le curseur que constitue la candidature du Président Ouattara qui va faire osciller à la hausse ou à la baisse le nombre de prétendants.
D’ores et déjà, le floue demeure à ce sujet, car le Président Ouattara n’a pipé mot sur la question, ce qui laisse libre court aux supputations à moins d’un an du terme de son mandat. Mais, il est clair que le temps ne joue pas en sa faveur. Sa position tardive risque de porter un grand préjudice à la coalition RHDP. En effet, mis à part les velléités de candidatures au sein du RHDP pour lui succéder, les risques d’implosion du RHDP sont réels. Car faut-il le rappeler, le RHDP avait réussi à réunir tous ceux qui se réclamaient de l’héritage du défunt Président Houphouët Boigny, dont H.K. Bédié avant de se disloquer.
Aujourd’hui avec la candidature de Tidjane Thiam « héritier » Houphouetiste « légitimé » lors des obsèques du Président du PDCI Henri Konan Bédié, un pan du RHDP resté fidèle après la séparation Bédié- Ouattara, pourrait se retrouver avec Tidjane Thiam qui est aujourd’hui à la manœuvre, pour tracer une nouvelle perspective.
Pour certains observateurs, il ne faut pas exclure les retrouvailles du RHDP originel, entre Houphouetistes pour conserver le pouvoir après le magistère de Ouattara. La question qui se pose de ce point de vue est de savoir qui va conduire la « bataille ». Des noms circulent cependant. Entre d’une part, Adama Bictogo, président l’Assemblée Nationale, à l’écoute du Président du RHDP, et qui ne fait pas l’unanimité au RHDP, c’est le moins qu’on puisse dire, et d’autre part, Tidjane Thiam leader du PDCI, qui doit vaincre certaines résistances dans son parti, la partie est loin d’être jouée.
Alassane Ouattara quant à lui maintient le suspense à 83 ans, tout en sachant qu’il a un Vice-Président, en la personne de Thiémoko Meylet Koné, ancien gouverneur de la banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO). Faut-il y voir une option pour sa succession ? En tout cas ce dernier est très discret dans sa position, et ne semble faire de l’ombre au président lui-même. Serait-il le Joker Banquier comme lui pour suppléer à un échec éventuel de l’option Tidjane Thiam l’autre banquier ?
Wait and see.