Début juin, le directeur du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) a déclaré que "la négligence totale des personnes déplacées est devenue la nouvelle normalité". Cette situation est particulièrement alarmante dans des pays comme le Burkina Faso, où plus de deux millions de personnes sont déplacées, faisant de cette crise l'une des plus négligées au monde.
Selon l'ONU, 120 millions de personnes ont été contraintes de quitter leur foyer en 2023, soit la douzième année consécutive d'augmentation du nombre de personnes déplacées.
Selon le NRC, le Burkina Faso compte plus de deux millions de personnes déplacées, ce qui en fait l'une des crises de déplacement les plus négligées au monde.
Des conséquences dévastatrices pour les personnes déplacées
Selon Fatoumata Pessako, une mère de neuf enfants, qui a fui le nord du Burkina Faso il y a cinq ans, l'aide a diminué depuis. "Dans le passé, nous étions enregistrés par le gouvernement, mais nous ne recevions aucun soutien de sa part. Quelques organisations caritatives nous ont aidés, mais leur soutien a considérablement diminué, et ils ne viennent plus qu'occasionnellement", confie Fatoumata Pessako.
Un responsable humanitaire a déclaré à VOA que la hausse du nombre de crises dans le monde sape la volonté politique de les résoudre. "S'il est vrai que le financement du travail humanitaire a augmenté au fil des ans, il est également vrai que le nombre de personnes ayant besoin d'une aide humanitaire a augmenté beaucoup plus rapidement que la capacité du secteur à les atteindre", fait constater Ciaran Donnelly, vice-président senior de l'International Rescue Committee.
Un appel à l'action
Les organisations humanitaires lancent un appel urgent aux bailleurs de fonds pour qu'ils augmentent le financement des crises négligées et fournissent des ressources adéquates pour répondre aux besoins des millions de personnes déplacées dans le monde. Elles exhortent également les gouvernements à trouver des solutions durables aux conflits et à la violence qui obligent les gens à fuir leur foyer.
Pour Ciaran Donnelly, des situations comme celle de Pessako sont particulièrement inquiétantes. "Ces personnes sont bloquées. Elles sont effectivement entreposées, ce qui est un terme horrible pour parler de personnes. C'est un domaine dans lequel nous ne voyons pas d'investissement réel pour trouver des solutions", alerte Ciaran Donnelly.
Will Carter, directeur national pour le Soudan du Conseil norvégien pour les réfugiés, se dit alarmé. "Je n'ai jamais connu un environnement de financement aussi avare, ce qui a conduit à une couverture de service assez horrible pour les personnes qui meurent de faim. Je n'ai jamais vu un tel niveau de négligence diplomatique et, dans une certaine mesure, médiatique, face à des crises horribles", affirme-t-il.
Fatoumata Pessako affirme qu'elle comprend les problèmes de financement et qu'elle prie pour que le conflit prenne fin.
"La communauté internationale reste préoccupée par notre situation, alors que le conflit [au Burkina Faso] se poursuit, je comprends que ce n'est pas facile pour eux non plus. Je prie pour que le conflit prenne fin afin que je puisse retourner dans mon village", souhaite-t-elle. Comme des millions d'autres réfugiés, tout ce que veut Fatoumata Pessako, c'est rentrer chez elle.