Kenya: Journée de mobilisation historique contre la loi finances

Au Kenya, ce jeudi 20 juin était une journée de mobilisation historique pour le mouvement « Occupy Parliament » contre la loi de finances 2024. Des dizaines de milliers de manifestants ont défilé dans les rues des principales villes du pays pour protester contre de nouvelles taxes, notamment sur des produits de base.

Malgré la violente répression de la première journée de protestation mardi, les manifestants étaient bien plus nombreux ce jeudi 20 juin. Dès le matin, le centre de Nairobi était bouclé par la police. Dans les cortèges, des jeunes sont venus exprimer leur rejet du gouvernement du président William Ruto.

Leur slogan : Ruto doit partir. « Je viens d'accoucher et je suis ici. Je me bats pour mon enfant. Elle veut manger du gâteau, elle aussi, et pas que du pain. On veut manger aussi bien que ceux qui nous gouvernent. Les députés dépensent treize milliards pour leurs repas. Ils donnent à leur femme des portefeuilles quand on n'a pas de vaccin pour nos enfants. Tant qu'ils seront corrompus, il n'y a aucun intérêt à lever plus d'impôts », s'indigne Emmy, 23 ans.

Pour Andre Murene, 25 ans, s'il faut se serrer la ceinture, c'est au président de montrer l'exemple : « Ruto devrait d'abord diminuer ses dépenses. On pourrait alors baisser les impôts. Comment ose-t-il rénover le palais présidentiel alors qu'il fait détruire le bidonville de Mathare ? On se bat pour notre futur. Dans 30 ans, il faudra payer ses dettes et on ne le veut pas. »

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Très vite, la police réprime le rassemblement. Les manifestants hurlent : « Nous sommes pacifiques ». Musi Gatweri en fait partie. « Ils tirent des gaz lacrymogènes sur nous alors que nous sommes très pacifiques. Nous n'avons rien détruit. Pourquoi tirent-ils sur des jeunes qui sont à l'intérieur d'un bâtiment ? Nous voulons que toute la loi soit rejetée, pas amendée. Ruto est un voleur, il ne représente pas le Kenya. Il doit partir », lance Musi.

Une mobilisation via les réseaux sociaux

Pour le Kenya, la mobilisation est historique. Le mouvement a touché une dizaine de villes du pays. Et c'est sur les réseaux sociaux que la mobilisation s'est faite. Une vidéo est devenue virale : celle du groupe de hacker Anonymous, qui soutient le mouvement « Occupy Parliament ».

Dans les rues du centre-ville, masque sur le visage, Alfonso filme avec son téléphone portable. Il se présente comme un vidéaste, militant numérique. « Nous sommes sérieux. La jeunesse est sortie, la génération Z. L'ère digitale prend une nouvelle forme. C'est global. Maintenant, nous sommes une communauté. Nous pouvons mobiliser. Les vieux ont fait leur temps. Nous sommes la jeunesse et il est temps pour nous de prendre les choses en main », assume-t-il.

« Ils ont raison »

C'est sur TikTok que Félix a appris la manifestation du jour. Il n'en a pas fallu plus pour le mobiliser. « Les jeunes Kényans, on lutte pour gagner notre vie. J'ai 23 ans, je suis de la génération Z. Je me bats pour nos droits parce qu'on souffre. Je crois en une nouvelle révolution de jeunes qui viennent d'arriver sur le marché de l'emploi, comme moi et qui travaillent à droite, à gauche », espère Félix.

Malgré les gaz lacrymogènes et les charges de la police, les rues se gonflent de jeunes habillés en noir, smartphones à la main. Roger, moto taxi, n'en revient pas. « Les jeunes viennent de partout. Ils perturbent notre travail mais ils ont raison. Ils demandent justice. Il faut que notre président écoute les Kényans, ils sont en colère », assure Roger.

Adopté ce jeudi par les députés, le projet de loi de finances doit encore être présenté au Sénat, le 25 juin.

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