À Madagascar, le président Andry Rajoelina annonce sa tournée à travers le pays pour sensibiliser à l'utilisation de contraceptifs. Dans le même temps, le Conseil des ministres de cette semaine a approuvé le plan de mise en œuvre du programme de promotion de la planification familiale des quatre prochaines années. Objectif : doubler le nombre d'utilisateurs de moyens de contraception sur cette période pour ainsi réduire le taux de fécondité et, in fine, le taux de pauvreté dans le pays. Une mesure saluée par les acteurs de la planification familiale qui restent néanmoins prudents face aux effets d'annonce habituels.
Andry Rajoelina en VRP du préservatif, de la pilule contraceptive ou de l'implant : le chef de l'État s'est engagé à faire la promotion et la vulgarisation des différents moyens de contraception dans tout Madagascar, une fois passées les festivités du 26 juin, jour de fête nationale.
Une nouvelle accueillie de manière positive par les ONG qui travaillent dans le secteur de la santé, à commencer par Médecins du monde, très impliqué sur ces questions. Charlotte Berthier, représentante de l'organisation dans le pays, lance : « On se félicite que le sujet de la contraception soit une priorité et soit porté au plus haut niveau de l'État. Ça nous semble vraiment important. Maintenant, ce qui est important, c'est que ces volontés présidentielles et politiques soient aussi opérationnalisées très concrètement sur le terrain et notamment dans les zones rurales pour qu'il y ait une disponibilité réelle des intrants de planification familiale et que l'accès à ces intrants soit gratuit, au niveau des CSB [Centres de santé de base, NDLR] ce qui n'est pas malheureusement toujours le cas aujourd'hui. »
« Que les informations et les messages passent auprès des populations les plus jeunes »
Marteler à la population que les contraceptifs doivent - conformément à la politique du ministère de la Santé en vigueur depuis plus d'un quart de siècle - lui être proposés gratuitement. Trouver des solutions pour enrayer les pénuries récurrentes : autant de missions, donc, que le président devra prendre à bras le corps. « Il sera aussi important, évidemment, que les informations et les messages passent auprès des populations les plus jeunes, donc des adolescents et des jeunes, et notamment en milieu scolaire », insiste Charlotte Berthier.
Pour rappel, depuis novembre dernier, une note rédigée par le ministère de l'Éducation nationale interdit désormais « toute démonstration de matériels contraceptifs » dans les établissements scolaires au profit de la promotion de l'abstinence. Sur la Grande Île, l'indice national de fécondité est de 4,3 enfants par femme. Dans l'Androy, une région du Grand Sud où la population est particulièrement vulnérable, cet indice grimpe à 8. C'est dans la capitale qu'il est le plus bas avec 2,9 enfants par femme.