Thiès — Le ministre de la Formation professionnelle, Amadou Moustapha Ndieck Sarré, a promis, jeudi, d'aider à la vulgarisation de l'initiative "Jang ban", une filière de génie civil du lycée technique François Xavier Ndione de Thiès spécialisée dans la formation à l'utilisation de matériaux locaux dans la construction.
"L'initiative "Jang ban" est importante. Nous allons certainement vers la vulgarisation de ce secteur-là, puisque nous avons besoin d'utiliser nos matériaux, non seulement pour amoindrir les coûts, mais également pour faire face à l'environnement", a dit le ministre de la Formation professionnelle.
Il a profité de sa tournée dans les centres dans lesquels se déroulent les épreuves du bac technique à Thiès, pour s'imprégner de ce qui se fait au lycée technique François Xavier Ndione.
En plus du compartiment réservé au froid, il a visité celui dédié au génie civil, dont la particularité réside dans l'initiation des apprenants à l'utilisation de matériaux locaux dans la construction.
Mody Gaye, ingénieur en génie civil, formateur dans cette filière, a présenté au ministre et à sa délégation les tenants et les aboutissants de ce module qu'il dispense. Il utilise de l'argile mélangée à du typha, comme isolants, en lieu et place des isolants synthétiques, qui sont polluants.
M. Gaye, qui enseigne aussi à l'université Iba der Thiam de Thiès, a aussi présenté des briques moulées avec de la balle de riz mélangée à de la terre, une formule de construction respectueuse de l'environnement, sur laquelle il dit rédiger une thèse.
Il dit travailler, à travers son expérimentation, à réduire au minimum la teneur en ciment introduite, en guise de stabilisant, dans les briques en argile qu'il confectionne avec ses élèves.
"Nous enseignons à des jeunes qui ont fraîchement obtenu leur BFEM", note M.Gaye, avant d'ajouter : "nous leur apprenons un métier et non des paroles. Je ne viens pas avec un cahier, c'est ce que je fais pour gagner ma vie que je fais faire aux jeunes".
Le formateur dit utiliser l'approche par les compétences, en faisant "plus de pratique que de théorie". "Je construis avec mes mains et ils en font de même. Je les corrige quand ils font des erreurs", a dit Mody Gaye, qui encadre trois classes en BT et deux classes en BTS.
Il forme aussi des jeunes qui viennent pour des certificats de spécialité (CS), des formations de courte durée.
"Nous allons aider cette filière pour qu'elle aille de l'avant", a dit le ministre de la Formation professionnelle, évoquant le principe de souveraineté qui sous-tend la démarche consistant à compter essentiellement sur les produits locaux dans tous les domaines.
Se réjouissant du retour en force, dans le voisinage du lycée technique, de ce mode de construction à base d'argile, qui avait été délaissé, il a dit espérer que sous peu, les Sénégalais seront sensibilisés à l'utilité de ce matériau, pour l'utiliser dans leurs constructions.
Se disant convaincu que "la formation professionnelle est l'un des piliers les plus importants pour développer notre pays", M. Sarré considère qu'il est à la tête d'un "ministère transversal, dont le rôle est de changer le visage de notre pays".
"Nous ne pouvons pas le faire, si nous ne formons pas notre jeunesse qui, à coup sûr, constitue la première richesse de notre pays", a dit le ministre.
Il s'est dit "particulièrement satisfait" du fonctionnement du lycée technique de Thiès, tout comme de l'organisation de l'examen du bac technique, assurant par ailleurs avoir entendu les doléances du proviseur et du représentant des parents d'élèves.
Amadou Moustapha Sarré s'est réjoui de ce que la formation professionnelle est "devenue très attractive, (et) commence à ne plus être un deuxième choix pour les élèves". Il en veut pour preuve le fait que le lycée technique de Thiès "refuse du monde".
Le ministère de la Formation professionnelle ambitionne de renforcer cette tendance. "Notre objectif, a-t-il dit, est de faire en sorte que dès le bas âge, les élèves optent pour cette formation professionnelle".
Il s'agit d'amener à terme 30% des apprenants vers la formation professionnelle. Un taux que son département entend augmenter, convaincu qu'un pays qui veut se développer a le devoir de former sa jeunesse".
Avec 75% des Sénégalais âgés de moins de 35 ans, il se dit conscient que "la tâche ardue", même s'il pense que le gouvernement sera "à la hauteur", pour "faire en sorte que le Sénégal soit un véritable exemple en Afrique".