Congo-Kinshasa: Les souvenirs de la musique congolaise - Biographie et oeuvres de Lutumba Simaro (1)

Parmi les étoiles qui ont brillé au firmament de la musique du Pool Malebo figure l'emblématique guitariste, accompagnateur, auteur compositeur, poète Lutumba Simaro.

Né à Léopoldville le 19 mars 1938, Simon Lutumba Ndomanueno alias Simaro débute sa carrière musicale dans l'orchestre Micra Jazz aux côtés de Tuka, Dépiano, Menga, Kalonji Raymond. Celle-ci sera marquée également par son passage au groupe Congo Jazz de Gérard Madiata, où il compose sa première chanson intitulée « Simarocca » aux éditions Esengo. S'en suivront les titres « Muana etiké » et « Lisolo ya ndako », considérés par les mélomanes comme des tubes de cette époque.

En 1961, Simaro fait son entrée dans l'Ok Jazz où il trouve Franco à la guitare solo, Brazzos, et remplace à la guitare accompagnement Bombolo Bholen suite à sa défection, Isaac Musekiwa et Albino aux cuivres, Nicolas Bosuma dit Desoin à la Tumba, Simon Moke à la maracas, Kwamy et Mujos au chant. Au cours de la même année, il se rend en Europe où il enregistre sous la marque Surboum de Joseph Kabassélé, premier éditeur congolais, les titres « Yamba ngai na Leo », « Mado a boyi Simaro » ...

En 1966, malgré la forte dissidence que connaît l'Ok Jazz et qui donnera naissance à l'orchestre Révolution, notamment avec le départ d'un certain nombre de musiciens dont Brazzos, Kwamy et autres, Lutumba y restera et lancera sur le marché "Décision éléki makassi", interprété par Gilbert Youlou Mabiala, un jeune chanteur originaire de Brazzaville qui venait d'être recruté par Franco, sans oublier le titre "Okoma mokristo" et "Ma Hélé". Le début de la décennie 1970 est faste pour Simaro, son étoile brille au firmament du Pool Malébo, son tube "Mabélé" (Ntotu) reste sans conteste la chanson qui a marqué un véritable tournant dans sa carrière musicale.

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Il est surnommé par les chroniqueurs musicaux " Le poète Simaro Masiya", Masiya qui signifie le messie. Ensuite "Ebalé ya Zaïre", "Inoussa", "Minuit eleki lezi", "Cedou" consacrent définitivement Lutumba Simaro dans le giron des grands compositeurs. Au cours de la même décennie, les chansons "Mbongo", "Kadima" et "Mandola" chantées par Djo Mpoyi, "Mbawu na ko récupérér yo" et "Faute ya commerçant", chanté de nouveau par Sam Mangwana, sont un véritable succès qui permet au camp de l'Ok Jazz de contrer la remontée en puissance de l'Afrisa de Rochereau qui venait de recruter une nouvelle chanteuse en la personne de Mbilia Bel.

Il sied de noter qu'au cours de son évolution dans l'Ok Jazz, ses rapports avec Franco étaient parfois emmaillés de brouilles, précisément avec la sortie des titres tels que "Okoma mokristo" réalisé en dehors de l'Ok Jazz avec Verckys Kiamuangana, et "Maya" chanté par le jeune Lassa Carlyto.

Au plan thématique, les oeuvres de Lutumba étaient caractérisées par le divorce, la stérilité, l'amour raté qu'il mettait en musique avec une étonnante virtuosité, mélancolie et amertume. Il invoquait cette thématique non pas pour se plaindre de l'injustice du destin mais il voulait au contraire que le commun des mortels prenne conscience de certains faits de la société. Les chansons comme "Motéma na ngai rétroviseur", "Na lifelo bisengo ézalaka té" en sont une parfaite illustration.

Le décès de Franco, le 10 octobre 1989, fera de Simaro le dépositaire de la marque Tout Puissant Ok Jazz dont la scission interviendra quelque temps plus tard suite à une incompréhension née entre les héritiers de la fondation Luambo Makiadi et la troupe Ok Jazz; scission dont la résultante fut à l'origine de la création de l'orchestre Bana Ok. A suivre...

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