Madagascar est quelque part un pays du vin, à en croire ce qui se fait dans des villes comme Ambalavao et Fianarantsoa... Si la vigne existait depuis des siècles, le raisin est arrivé avec les contacts avec d'autres civilisations.
Foi d'amateur de bombances et de vêpres, les combattants de la liberté de « 1947 » ont bel et bien commis une erreur. Celle d'avoir détruit les exploitations viticoles des Français sur le territoire national, notamment dans l'Imerina historique lors du soulèvement général pour chasser les colons. Madagascar et la vigne ont une relation presque séculaire. Tout d'abord, la grande île possède une espèce de vigne : le « cissus ». Cette plante se retrouve du Myanmar jusqu'en Amérique du Sud. En Afrique, comme au Cameroun, elle est catégorisée comme « plante fétiche ». Comble du comble, malgré ses vertus guérisseuses, elle ne permet pas de produire du vin.
Selon les études, jusqu'ici au stade d'hypothèse plus ou moins étayée, ce seraient les Arabes qui ont introduit le raisin sur le territoire malgache. Ces derniers ont sillonné la côte est africaine dès le Vème siècle. Les cités maritimes malgaches ont été les points d'ancrage de ce fruit au jus désaltérant, et après fermentation devient une boisson aux effets des plus exquis. Avant la rigueur de l'islam, le vin était inclus des rituels chez les Arabes. Terre de gourmets et de marchands, l'Arabie donnait une place particulière à ce doux nectar.
Il faut toutefois attendre l'arrivée des Européens pour que la vigne soit orientée vers une tentative de production locale. Grâce aux dieux du bien-être et aux archives d'antan, les premiers pas du vin à Madagascar ont pu être répertoriés. Dans la « Revue de botanique appliquée & d'agriculture tropicale » (Juillet 1933), Edmond François, alors directeur du jardin botanique de Tananarive relatait « Gauche et Flacourt qui, au XVIIe siècle, vécurent à Fort-Dauphin y trouvèrent la Vigne. Mayeur qui visita l'Imerina en 1777, rencontra également la Vigne dans la région de Bétafo ».
Il a fallu donc attendre la colonisation pour que les ceps venus d'Europe soient vraiment expérimentés à Madagascar. Selon toujours Edmond François, il y eut « 127 variétés de Vigne importées entre 1914 et 1931 ». Le bonhomme a la manie de mettre en majuscule le « V » de vigne. Un saint homme respectueux des valeurs essentielles de la vie. Le Chasselas blanc, le Chasselas rose, le Mildiou, la Mme Couchoud, le Noah, le Muscat noir, le Pinot blanc, l'Alicante Bouschet noir, le Muscadet blanc... sont autant de variétés testés à Nanisana, Soavimbahoaka et Androhibe.
Un certain Bernard Fievet, un autre saint homme, allait cependant changer la donne. Un jour de 1948, il lança le « vignoble de l'Isandra ». Des décennies plus tard, cette région bénie est la capitale malgache du vin, ayant même des ramifications jusqu'à Ihosy. Les noms comme Soavita, Chan Foui, Ambelle, Zanatany... apparaissent. Des entreprises qui jouent sur le fil, presque à quitte ou double, puisque le climat malgache reste une contrainte pour la vigne.
Avec les nouveaux enjeux du changement climatique, c'est un casse-tête de plus. Le vin malgache est loin encore de convaincre les spécialistes, et par ricochet le marché national et international. Il y a quelques années, des vins étiquetés sud-africains ont commencé à s'installer sur le marché malgache. La viticulture locale élargit ses horizons en recherchant des pieds de vigne dans tous les coins du globe.
Vers le début des années 2010, avec l'apparition d'une nouvelle génération d'adultes actifs, le marché du vin a connu un succès grâce au « Maroparasy ». Ce vin symbolisait alors l'émancipation de la jeune maman, tananarivienne de surcroît, nostalgique de son ancienne jeunesse. Le produit devient branché et se partage, parfois après quelques verres et un certain état de jouissance, sur les réseaux sociaux. La culture du vin existe bel et bien à Madagascar.