Aujourd'hui le monde célèbre, ce vendredi 21 juin, la Fête de la musique. Au Burkina Faso, la musique est aussi pratiquée par des travailleurs du public et du privé. Clin d'oeil sur ces "travailleurs-chanteurs".
Le Burkina Faso est aujourd'hui une terre de musique. Grâce à un engagement politique et des acteurs de cette filière. Aujourd'hui, la musique est même devenue un art de résilience et de promotion du pays des Hommes intègres dans un contexte sécuritaire et économique difficile. Aux côtés de ceux qui en ont fait leur profession, il y a des artistes issus de plusieurs secteurs professionnels : Forces de défense et de sécurité (FDS), mécanique, couture, agents de l'administration publique, etc. Ils sont slameurs, chanteurs de variété, de reggae, etc. Pour marquer ce 21 juin, la Fête de la musique célébrée ce vendredi au Burkina Faso et dans le monde, certains seront les podiums pour communier avec leurs fans et les mélomanes.
Pour en arriver à ce niveau, ils ont dû, sans un véritable staff, cumuler les défis liés à une carrière musicale avec leurs premiers métiers. Réaliser des titres en studio ; trouver le budget de son projet musical, prendre part à des festivals ; organiser sa promotion auprès des médias après la publication d'un album ; rechercher des dates de concerts ; travailler son image ; mettre en place une stratégie marketing pour vendre des CD ou clés USB sont autant de tâches qui demandent énormément de temps, d'engagement et de persévérance de la part de l'artiste-chanteur. Pour Cesse Sevesky, agent à la poste Burkina, artiste-chanteur de variété et auteur de 5 albums, il est possible d'avoir une grande carrière musicale en exerçant un autre métier avec la musique. C'est juste, explique-t-il, une question de volonté et d'organisation.
Ses enregistrements en studio se font, ajoute-t-il, la nuit et ses prestations les weekends. En cas de sollicitations les jours ouvrables, il demande la permission à sa hiérarchie pour honorer ses contrats. Géomètre à la retraite, artiste-musicien, auteur-compositeur, chanteur et auteur d'un sixième album baptisé « Espoir », selon Tchiko (Bernard Saré à l'état civil), la carrière va dépendre de l'emploi de l'artiste.
« Si tu es un bureaucrate qui est obligé d'être tous le temps entre tes quatre murs, ce sera difficile. On ne peut pas courir derrière deux lièvres. Tu ne peux pas te donner à 100% à la musique au détriment de ton travail parce qu'au niveau du service, tu es noté chaque année. Tu risques de te faire blâmer ou même renvoyer.
La situation est maintenant meilleure. Avant le musicien était considéré comme un moins que rien, quelqu'un qui ne peut rien apporter à la société », explique-t-il. Chef du service communication du Centre national des Manuels et Fournitures scolaires (CENAMAFS), Alex le Grand Zango, pour sa part, affirme que la musique est une passion qui doit être exercée « tout en sachant trouver le juste milieu ». A défaut de temps «vous prenez une disponibilité ou vous démissionnez », martèle-t-il. Surtout que, de l'avis de l'expert Vincent Koala, selon la loi, ces artistes ne sont pas considérés comme des professionnels parce qu'ils ne vivent pas uniquement de la musique.
Ceux qui ont opté pour la musique
Envoûtés par leur passion, certains travailleurs ont simplement abandonné leurs premiers métiers pour vivre de la musique. « Exercer un métier et faire la musique c'est très difficile parce que la musique a besoin de concentration .Pour réussir en musique, il faut uniquement se concentrer sur elle. Associer un autre métier à la musique, tue la starmania.
L'artiste est toujours présent dans l'espace public dans le cadre de sa première profession », reconnait Asta Maïla, ex-coiffeuse et artiste-chanteuse mandingue. Et d'ajouter « On dit que la musique est très jalouse.
On ne triche pas en musique. J'ai choisi la musique parce qu'elle me donne la joie de vivre et de vivre ». Face au manque de maisons de production ni de producteurs, ces passionnés autoproduisent leurs chansons. Une autoproduction qui peut être, selon le degré de passion, un piège financier. Plusieurs d'entre eux investissent leurs revenus dans les productions musicales en espérant un succès. Ex-couturier, aujourd'hui artiste-reggae et promoteur du festival de musique reggae au Burkina Faso, les Marley d'or, Madess conseille la prudence. « La passion c'est toi.
Ta famille (femme et enfants) n'ont pas demandé que tu sois passionné ; elle veut vivre ».Pour Oscibi Jhoann, également ex-couturier et artiste-musicien « on ne démissionne pas de la fonction publique pour faire de la musique parce que la passion ne paie pas le loyer. Il ne faut pas suivre sa passion, il faut plutôt suivre le contenu de son compte bancaire avant de s'orienter définitivement. La passion c'est bien mais nourrir sa famille c'est encore mieux».