Une étude d'audit institutionnel en égalité de genre et inclusion sociale de l'appareil judiciaire révèle des taux faibles de la participation des femmes dans les juridictions judiciaires de la RDC.
Les résultats de cette étude ont été publiés mercredi 19 juin au cours d'un atelier d'évaluation de cette parité organisée par le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), en collaboration avec le projet « Promotion de l'Etat de droit » (PROLA).
Cette étude a été menée au mois de juin en cours dans les villes de Kinshasa, Lubumbashi et Goma.
Elle renseigne que jusqu'en juin 2024, le taux de participation de femmes dans la magistrature est de 25 % contre 17 % en 2011. Auparavant, ce taux était de 4 %. Bien auparavant encore la participation de femmes était carrément à 0%.
L'étude révèle également que les femmes sont plus présentes dans les juridictions inférieures et celles qui correspondent le plus souvent « au rôle de la femme » telles que les tribunaux de paix et tribunaux pour enfants.
Mais dans les hautes juridictions, elles sont moins représentées. Par exemple, à la Cour de cassation et parquet près cette cour on ne compte que 10 femmes sur 57 magistrats, au Conseil d'Etat et parquet près le conseil il n'y a que 13 femmes sur 47 magistrats. Et, il n'y en a aucune à la Haute cour militaire ni à l'auditorat militaire.
Les personnes ne faisant pas partie de l'appareil judiciaire, interrogées dans le cadre de cette étude, estiment que l'égalité de genre est encore loin d'être atteinte dans les institutions judiciaires.
Cet avis est aussi partagé par l'experte du barreau américain en genre et inclusion sociale au sein du projet PROLA, Fanny Mukendi :
« 25% à l'heure actuelle. Mais on a remarqué aussi que dans les détails, au niveau des postes de prise des décisions les pourcentages restent trop faibles de 3%, 1%. Il y a encore un travail de titan à faire. Si on parle de parité, l'objectif est d'atteindre 50%. Mais si on parle des proportions, ça doit être plus ».
Mais les magistrats, eux, pensent que cette évolution est significative, nonobstant des efforts à consentir pour réduire cette faible participation de la femme dans les institutions judiciaires.
Cette faiblesse « est dû principalement d'abord au système patriarcat qui pèse encore sur notre société, mais aussi il est dû à plusieurs facteurs notamment l'accès à l'éducation tardive des femmes », a expliqué l'experte du PROLA.
Pour arriver à balancer toutes ces proportions afin d'atteindre l'égalité du genre et l'inclusion sociale, Fanny Mukendi propose une stratégie multisectorielle notamment la sensibilisation des femmes et des décideurs sur la participation féminine dans l'appareil judiciaire congolais.