Dakar — Le Xalam 2 a présenté au public, vendredi, à Dakar, son nouvel opus intitulé "Retour aux sources", un album dont il est espéré qu'il va marquer le retour à cette fibre révolutionnaire ayant fait la légende de ce mythique groupe musical sénégalais à partir de la fin des années 1970.
"C'est la fête de la musique aujourd'hui. Nous fêtons une carrière de cinquante-cinq ans et en profitons pour lancer l'album intitulé 'Retour aux sources', qui marque les retrouvailles avec ce son révolutionnaire qui fait la légende du Xalam 2", a déclaré Fatou Kassé Sarr, manager du groupe.
S'exprimant à la fin d'une table ronde organisée à l'occasion de la Fête de la musique, à la Maison de la culture Douta-Seck, en présence de plusieurs personnalités de la culture sénégalaise, elle a annoncé la tenue d'un concert devant marquer le retour du groupe à Dakar, en novembre prochain.
La Fête de la musique a été l'occasion, pour les membres du Xalam 2, de réunir leurs fans et amis afin de partager l'histoire du groupe, son influence et son empreinte sur la musique sénégalaise.
L'album "Retour aux sources" a été intitulé comme tel pour marquer la volonté du groupe de "retourner à la base", la variation des styles musicaux. Il s'agit de se souvenir en même temps de ce moment précis où la carrière du Xalam 2 a explosé, à l'occasion d'un concert mémorable donné en 1979 à Berlin.
Le nouvel album est la révision des morceaux de ce concert, lesquels ont été ensuite retravaillés et rejoués avec une nouvelle génération de musiciens, selon Fatou Kassé Sarr.
"C'est, en quelque sorte, un retour aux sources pour le groupe", mais "également un passage de témoin à la nouvelle génération", a-t-elle souligné.
Fatou Kassé Sarr s'est réjouie de l'intérêt que les plus jeunes musiciens portent au Xalam 2 et à son épopée glorieuse.
"Xalam 2 a toujours eu besoin d'expérience et de nouvelles voix depuis sa création", a dit Abdou Bâ, membre du laboratoire Agit'Art, dont Joe Ouakam (1945-2017) était la figure de proue.
"Le groupe a réellement pris son envol avec 'Daïda', titre de son premier album sorti en 1975, dans lequel il chante en wolof, mandingue, créole, pulaar, diola et sérère. À l'époque de sa création, il y avait trois écoles essentiellement, celle de feu Ibrahima Kassé, qui a donné naissance à des artistes comme Youssou Ndour, celles du Super Diamono et du Xalam", a-t-il rappelé.
Abdou Bâ ajoute que les ruptures au sein de ce groupe se faisaient très souvent "sans bruit", grâce à une certaine "familiarité" qui prévalait entre ses membres.
"Il faut souligner l'originalité du style du Xalam. Ses membres étaient carrément dans le patrimoine musical du pays", a souligné Alioune Diop, critique musical et journaliste à la RTS.
Le Xalam 2 s'est surtout fait connaître dans le monde en jouant sa partition dans la lutte contre l'apartheid, la politique de ségrégation raciale en Afrique du Sud, a rappelé Diop.
"Le groupe a servi d'école en 1984 [...] Il a joué lors du 70e anniversaire du président Léopold Sédar Senghor, par exemple, en 1976", s'est souvenu le journaliste et critique musical.
Moustapha Diop, membre du groupe Jamm Jazz, a évoqué l'influence qu'a eue ce groupe sur les jeunes musiciens. "Je suis très honoré d'être là pour parler de mes grands frères. Ils ne peuvent pas imaginer l'influence qu'ils ont eue sur nous", a souligné l'artiste.
Il considère que Xalam 2 a été "un exemple à plusieurs niveaux", notamment dans le rythmique et les chants structurés.
De nombreux musiciens et chanteurs sont passés par le Xalam 2. On peut citer Souleymane Faye, alias Diégo, l'arrangeur Cheikh Tidiane Tall et le chanteur Abdoulaye Prosper Niang.