Plus de 135 000 réfugiés vivent au Rwanda, dont beaucoup rêvent d'un retour dans leur pays d'origine. C'est le cas de Justin Kageme, un réfugié congolais qui a passé près de 30 ans dans un camp de l'ouest du pays.
"Nous avons vécu 28 ans dans un camp de réfugiés, dans des conditions de vie difficiles, c'est atroce. C'est vraiment misérable, nous en avons assez. Nous ne voulons plus vivre comme des réfugiés. Nous voulons rentrer chez nous et voir notre patrie dont nos parents nous parlent souvent", explique-t-il.
D'autres réfugiés, plus âgés que Justin, aspirent également à la paix dans leur pays d'origine. "Si la paix revenait, nous rentrerions chez nous. Nous avons fui à la recherche de la sécurité ici. Nous sommes en sécurité ici, mais nous souffrons de la faim", déclare Nyiramana Rahab, une réfugiée.
La majorité des réfugiés proviennent du Burundi et de la RDC, deux pays voisins dont les relations avec le Rwanda sont tendues depuis des années. Albert Murasira, ministre rwandais chargé des réfugiés, souligne que "la RDC et le Burundi ne sont pas prêts à accueillir leurs réfugiés, surtout le Congo qui a des problèmes de sécurité. Mais au Burundi, ils peuvent rentrer même si la frontière est fermée. Nous sommes toujours prêts à assurer leur sécurité tant qu'ils sont au Rwanda".
"L'aide continue à diminuer"
Dans les camps, les réfugiés sont assistés par le gouvernement rwandais et ses partenaires. Cependant, depuis novembre 2023, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a considérablement réduit son aide. Pour pallier à ce problème, Kigali encourage l'entrepreneuriat parmi les réfugiés.
"Nous avons un programme d'intégration des réfugiés dans la société rwandaise à travers l'éducation, la santé, le commerce et la recherche d'emploi. Nous les encourageons à trouver du travail car l'aide continue à diminuer", explique le ministre rwandais des réfugiés.
Le Rwanda accueille également depuis 2019 des migrants venus de Libye, dont la plupart ont été traumatisés par leur expérience en Libye. C'est le cas de Nyarang Shirwero, originaire du Soudan.
"Du Soudan du Sud à la Libye, nous avons eu beaucoup de difficultés à cause de la guerre et du tribalisme. Avec les enlèvements au Soudan du Sud, j'ai décidé de migrer. Vivre en Libye est dangereux. Il y a beaucoup de difficultés, les gens ne peuvent pas survivre, il y a des ravisseurs, tant de problèmes dans cet endroit", raconte-t-elle.
Le HCR a récemment accusé le Rwanda de maltraiter les réfugiés, ce que le Rwanda a catégoriquement rejeté. Malgré ce différend, le HCR affirme que les deux parties continueront à collaborer pour le bien des réfugiés.
"Les solutions que nous proposons à ce groupe particulier incluent la réinstallation dans un pays tiers, le rapatriement volontaire et en toute sécurité vers leurs pays d'origine, et ceux qui souhaitent rester ici sont également informés. Ils souhaitent tous être réinstallés dans un pays tiers. Il faut comprendre le contexte de ce groupe particulier. Il s'agit de personnes qui viennent ici volontairement, la plupart ont déjà subi des tortures et sont très traumatisées. C'est un arrangement en cours depuis 2019 et nous continuerons à collaborer avec le gouvernement à cette fin", déclare Enid Ochieng, représentante adjointe du HCR au Rwanda.
Actuellement, le Rwanda abrite plus de 80 000 réfugiés congolais et quelque 50 000 réfugiés burundais. A ceux-ci s'ajoutent plus de 600 migrants venus de Libye en attente de trouver d'autres pays d'accueil.