Madagascar: Trois rois et trois manières de régner

Les Notes poursuivent ce jour, les rois de la lignée de Rangita, après Andrianjaka (lire Notes du mercredi 12 juin et précédentes). Et ce, à commencer par Andriantsitakatrandriana (1630-1650) ou Rakoto II (Ramisandrazana Rakotoariseheno « Testaments politiques et mode de gouvernance des souverains de l'Imerina VIIIe-XVIIIe siècle », communication à l'Académie malgache, 19 décembre 2019).

Une fois la paix rétablie et que les Sakalava ne montent plus en Imerina, un deuxième « Tsena Alakamisy» (marché du jeudi) comme celui à Ambohimanga, est mis sur pied dont Andriantsitakatrandriana a la charge, car la création du « Tsena » d'Alatsinainy-Ambazaha « remonterait », dit-on, à son époque. Il continue les travaux d'endiguement, entre Anosimahavelona et Anosizato, en les confiant à ses deux fils. Il détient déjà la charge de l'Imerina « quatre toko », règne pendant huit ans et meurt jeune. Pendant son règne, à l'instar d'Andrianentoarivo, certains de ses parents s'auto-proclament également rois chez les Sihanaka, les Bezanozano et les Antimamo.

Andriantsimitoviamina-ndriandehibe (1650-1670) ou Rakoto III, son successeur, prend le prétexte de la digue d'Ankazotoho pour obliger ses deux fils à faire dévier l'eau vers la nouvelle digue et la tarir à cet endroit. « Izay mahafaty rano no izy » ou celui qui pourra le faire, sera comme cet arbre « ambo» et celui qui n'y arrivera pas, ressemblera à cet arbre « ambiaty » bossu. D'après l'académicienne, c'est à la fois son testament et le contrat qu'il prononce devant le peuple, dont « l'objectif final était d'assurer la succession et l'avenir des Merina ».

%

Le lendemain, le cadet qui réussit plus vite et sur instigation de son père, pousse son ainé dans la fange en disant : « Voilà ce qui arrive à celui qui ne pourra pas gouverner » car « tsy mahazaka tany » ou celui qui n'a pas retroussé ses manches et travailler de concert avec son « vahoaka » ( pasteur Rainitovo). Et « ce cadet était Andriamasinavalona ». Le roi profite de l'événement pour fustiger les Tsimilefa (« vahoaka » ou peuple) au cas où certains d'entre eux osent le contredire et chercher noise à son fils désigné. Car les bénédictions ne suffisent plus à assurer la légitimité, il faut que les futurs régnants fassent preuve de leur capacité à gouverner devant le peuple.

D'après Rainitovo, c'était encore lui qui aplanit Andohalo une deuxième fois, la première a été faite par Andrianjaka pour en faire dans un premier temps « Tsena d'Anjoma ». Pour Ramisandrazana Rakotoariseheno, ce testament s'enrichit de ce nouveau « contrat » avec le peuple. « La bonne gouvernance avant la lettre devient plus exigeante car les déséquilibres ne tardèrent plus. »

En 1670, Razakatsitakatran-driana (Lambotsitakatra) monte sur le trône. Mais sa « paresse était telle » qu'il nomme Andriamampandry, un Loholona de l'Imerina-tsimo comme chef organisa-teur des funérailles et du deuil de son père. Durant son court règne, un certain Andriambato s'autoproclame roi à Ambohitraina, et c'est son jeune frère qui l'attaque et le contraint à fuir vers l'Ouest.

La rupture des digues provoque une famine, et c'est encore le cadet qui exhorte les Fokonolona à colmater les brèches et, comme d'habitude, il finit avant son ainé de roi. D'après l'historienne, ce dernier a, en outre, la mauvaise réputation de corrompu et n'a aucune considération pour les Loholona et les ainés, anciens conseillers de son père. Il préfère plutôt les conseils de ses jeunes amis qui n'ont aucune expérience politique. Les Loholona conspirent alors contre lui et nomment Andriamam-pandry d'Andraisisa pour exécuter l'affaire.

Andriamampandry organise un soulèvement populaire et le souverain déchu doit s'enfuir vers Vohilena pour chercher de l'aide auprès d'Andrianam-boninarivo du Boina (Boeny), fils d'Andriamandisoarivo, en lui promettant des razzias en Imerina. Mais ce dernier refuse l'offre, après avoir vu la multitude acquise à la cause d'Andriamasinavalona.

Les périodes d'affaiblis-sement du pouvoir, à cause des luttes intestines, sont des époques de dispersion. « Les forces centripètes prennent le dessus et freinent l'avancement du Fanjakana. La montée des déséquilibres ne pouvait plus être masquée. La relative paix et abondance entraîna une certaine facilité et les nombreux héritiers commencèrent à afficher leur prétention. » Les Loholona, un temps en retrait pendant les guerres contre les Vazimba et les Sakalava, montent au-devant de la scène politique pour mettre de l'ordre.

AllAfrica publie environ 600 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.