Madagascar: Ali Hojeij - « Je suis convaincu que les Français de Madagascar veulent du changement »

interview

Après avoir terminé en quatrième position en 2022, Ali Hojeij et sa suppléante, Sandra Gorayeb, se présentent de nouveau aux élections législatives en France. L'indépendant revendique son absence d'étiquette dans un monde de partis politiques discrédités et de fortes tensions internationales. Interview.

Midi Madagasikara : Pourquoi avez-vous décidé de vous présenter de nouveau à ces élections législatives ?

Ali Hojeij : Il faut revenir sur le contexte très particulier. Emmanuel Macron, le président de la République, a décidé d'une dissolution kamikaze de l'Assemblée nationale, le soir même des résultats des élections européennes. À droite, cela a conduit à ce que Les Républicains (LR) s'allient au Rassemblement National. Par cette collaboration, le parti LR vient de planter le dernier clou dans le cercueil de l'héritage gaulliste ! À gauche, le PS et son leader, Raphaël Glucksmann, après nous avoir expliqué tout au long des européennes combien il détestait les idées de M. Mélenchon, décide de se livrer corps et âme à lui, dans une alliance baroque qui ne nous surprend plus. Et au milieu, vous avez la candidate de M. Macron, qui a déjà passé sept ans à l'Assemblée. Les Français de Madagascar sont-ils satisfaits de son bilan ? Je veux offrir aux Français de Madagascar un choix différent, celui d'un député issu de la circonscription, un candidat de temps de guerre.

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M-M : Vous avez choisi de vous présenter sous l'étiquette indépendante. Pourquoi?

A-H : En 2022, j'étais délégué d'Horizons, le parti d'Édouard Philippe, qui a quitté la majorité présidentielle à l'occasion de ces élections législatives, mais qui n'est, hélas, pas allé jusqu'à investir de candidats contre les députés macronistes sortants. Je dis hélas, car dans notre circonscription, le RN n'a aucune chance d'être au second tour, surtout à Madagascar, et la candidate de la gauche n'est pas issue de LFI. La notion de front républicain n'a pas grand sens. Dans un contexte de guerres multiples dans le monde, et particulièrement dans ma circonscription, qui englobe le Liban, les Français de l'étranger risquent d'être davantage relégués. Je me suis donc mis à l'écart du parti pour prendre mes responsabilités et avoir la parole libre.

M-M : Estimez-vous avoir une chance de gagner en choisissant de ne pas vous affilier aux projets politiques des formations historiques de gauche ou de droite?

A-H : Il y a deux ans, j'ai terminé quatrième à Madagascar sur 16 candidats. Il y a deux ans, mon score a fait oublier que j'étais candidat indépendant. C'est donc bien que l'on peut aller loin sans le renfort et le confort trompeur d'une étiquette. Je suis convaincu que les Français de Madagascar veulent du changement. Et le temps me paraît venu pour eux d'élire un candidat indépendant et résolument porté par le désir de faire des Français de l'étranger des Français à part entière. Dès mardi prochain, j'appelle tous les Français de l'étranger à amplifier mon score de 2022 par vote électronique.

M-M : La récente victoire de l'extrême droite aux Européennes a bousculé les choses en France. Comment appréciez-vous cette situation?

A-H : Le score de l'extrême droite en dit plus sur l'échec des partis dits républicains que sur le succès de celle-ci. Dans notre circonscription, le risque ne vient pas tant de l'extrême droite que de l'extrême gauche, cachée cette fois derrière une candidate PS qui doit nous dire si elle pense, par exemple, que sa priorité doit être la « lutte contre les violences policières », comme le proposent honteusement ses alliés de circonstance. Côté macroniste, si Mme Lakrafi, en sept ans à l'Assemblée, avait obtenu des résultats satisfaisants pour les Français de la circonscription, on ne se poserait pas la question du risque des extrêmes.

M-M : Concrètement, qu'allez-vous proposer, une fois élu député, pour la circonscription des Français établis hors de France?

A-H : Si les Français m'accordent majoritairement leur suffrage, ma première priorité sera l'égalité à l'accès au service public consulaire. Je n'accepte pas que l'on puisse trier les Français selon leurs origines. Savez-vous que ceux que l'on appelle les Karanas - terme que je ne reprends pas à mon compte - ont le sentiment d'être traités, non pas comme des Français à part entière, mais comme des Français à part ? Cela est insupportable. Deuxième sujet prioritaire de préoccupation : je me donnerai les moyens politiques pour que soit nommé par le Garde des Sceaux un magistrat de liaison en poste à Madagascar. Dans quel but ? Renforcer la coopération judiciaire bilatérale entre plusieurs pays de l'Océan indien et la France, notamment sur les questions de sécurité des Français de l'Océan indien.

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