Madagascar: Le Président Andry Rajoelina célèbre «son» téléphérique à Antananarivo

À cinq jours de la fête nationale, le chef de l'État a survolé ce vendredi 21 juin une partie du centre-ville d'Antananarivo à bord du téléphérique, accompagné de son Premier ministre, d'une partie du gouvernement et de plusieurs officiels français. Un test en grande pompe pour montrer que le nouveau moyen de transport urbain construit par Poma et Colas, objet de controverses, fonctionne.

C'était une promesse présidentielle. Andry Rajoelina l'avait même annoncé pour les Jeux des îles d'août 2023. Finalement, c'est avec une petite année de retard, ce vendredi 21 juin, que les habitants de la capitale malgache ont pu admirer un incroyable ballet aérien de quelques heures, au-dessus de leur tête.

« C'est vraiment une fierté d'avoir modernisé notre capitale », se félicite auprès de RFI le chef d'État au sortir de son trajet inaugural. « Antananarivo a été créée pour 300 000 habitants. Maintenant, nous sommes 3 millions. Ça va réduire les embouteillages, et c'est aussi un transport non polluant ! », poursuit le chef de l'État, conquis. « Je suis là pour marquer l'histoire de Madagascar, pour marquer la transformation du pays et nous sommes sur la bonne voie » assène-t-il.

Derrière lui, une foule se presse aux portillons de la gare d'Anosy pour voir les télécabines orange flambant neuves, s'envoler à 50m du sol. « Je suis contente d'être là ! C'est la première fois de ma vie que je vois une chose pareille ! », s'émerveille une vendeuse de lacets, qui espérait pouvoir faire partie du voyage.

Un seul tronçon opérationnel

La vieille dame devra encore patienter quelques mois avant d'embarquer elle aussi. La première des deux lignes - baptisée « Ligne orange », de la couleur du parti présidentiel et du nom donné à ses partisans - qui devrait relier Anosy à Ambatobe est loin d'être achevée. Seul le premier tronçon est pour l'instant opérationnel.

Plusieurs problèmes fonciers persistent, mettant en suspens la construction d'au moins une gare à mi-parcours. Côté « Ligne verte » (Anosy-Ankatso), aucun pylône n'est encore sorti de terre. Le tracé de cette ligne, devant grimper sur la colline royale du Rova, avait été vivement contesté par les habitants dès l'annonce du projet en 2021.

Concernant le tronçon « inauguré » ce jour, sa mise en service pour accueillir des voyageurs pourrait encore prendre quelques mois. L'État n'a pas encore choisi l'entreprise qui sera en charge de l'exploitation technique et commerciale du téléphérique. « Nous sommes en train de clôturer l'appel à manifestation d'intérêt pour le recrutement d'un partenaire professionnel. On a deux propositions intéressantes qu'on va soumettre à Monsieur le président », explique Gérard Andriamanohisoa, secrétaire d'État chargé des nouvelles villes et de l'habitat auprès de la présidence.

« On va créer une société mixte, où l'État et la ville d'Antananarivo s'associent avec le privé. Et c'est cette société qui sera l'exploitant légal du téléphérique. Ça a déjà été validé en Conseil des ministres. Là, on s'apprête à soumettre la composition du Conseil d'administration et le recrutement de la direction exécutive de cette société en Conseil des ministres », confie le ministre.

Les deux sociétés en concurrence pour obtenir le marché sont Stem international, exploitant français de transports par câble, et Poma, le concepteur français, spécialisé dans la fabrication de systèmes de transport par câbles. « Notre travail et notre souhait, c'est d'accompagner au mieux l'État malgache. On sera toujours prêts à collaborer sous toute forme, afin que le service soit rendu et la sécurité assurée », explique Jean Souchal, le président du conseil de surveillance de Poma à RFI.

Inaccessible ?

Andry Rajoelina est convaincu que les problèmes d'embouteillages dans la capitale seront en partie réglés. Mais à raison de « 3 000 à 5 000 ariary le ticket », le prix avancé par le président, contre 500 ariary le ticket de bus, ce moyen de transport restera inaccessible à la plupart des Tananariviens. À Madagascar, le salaire minimum légal est à 260 000 ariary par mois. « Ce n'est pas onéreux », réagit Andry Rajoelina. « Je peux vous assurer que c'est à la portée de la classe moyenne. Et moi-même, les membres de ma famille, mes collaborateurs, nous serons tous les premiers clients de notre téléphérique. Sans compter les cadres des entreprises, les étudiants à l'université, les élèves du lycée français et aussi les touristes ».

Ce projet au coût de construction exorbitant de 152 millions d'euros a été financé pour plus de la moitié sous forme de prêt bancaire garanti par la Banque publique d'investissement, et par un prêt de 28 millions d'euros du Trésor français. En 2021, date de la signature de l'accord de financement, le sénateur communiste Pierre Laurent avait dénoncé - à l'instar de la société civile malagasy - ce « projet en inadéquation avec les besoins de la population » et avait réclamé son abandon au gouvernement français, afin que les financements proposés soient consacrés « à un projet plus adapté aux besoins urgents de la population malgache ». En vain.

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