La Cour pénale internationale a rendu public ce vendredi 21 juin un mandat d'arrêt contre le jihadiste malien Iyad Ag Ghaly. Le chef d'Ansar Dine est suspecté de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis à Agheloc et Tombouctou lors de la prise du nord du pays par les groupes djihadistes en 2012. Aujourd'hui encore, personne ne sait où se trouve précisément Iyad Ag Ghaly.
Pendant sept ans, le mandat d'arrêt contre le djihadiste malien a été conservé sous scellés, mais sans permettre son arrestation, rapporte notre correspondante à La Haye, Stéphanie Maupas. Car la Cour pénale internationale ne dispose pas de sa propre police et dépend de la coopération des États. Lors de l'émission du mandat en juillet 2017, Il était jusqu'alors resté secret en raison des « risques potentiels pour les témoins et les victimes ». La CPI l'avait transmis aux autorités maliennes ainsi qu'à la France. C'était à l'époque où la force Serval était déployée au Mali.
Le mandat d'arrêt avait été initialement délivré le 18 juillet 2017. C'est le procureur de la juridiction basée à la Haye, Karim Khan, qui a demandé aux juges la levée des scellés : ses raisons sont confidentielles. Comme pour le fugitif ougandais Joseph Kony, il pourra demander à tenir des audiences de mise en accusation in absentia, pour permettre d'auditionner les témoins et d'enregistrer les preuves.
Iyad Ag Ghaly, dont l'âge n'est pas précisé, est l'un des plus importants jihadistes maliens et sahéliens et l'un des principaux acteurs de la crise sécuritaire dans laquelle est plongé le Sahel depuis 2012. Chef rebelle touareg radicalisé, aussi connu comme "Abou Fadl", il avait fondé en 2012 le groupe Ansar Dine qui a envahi et occupé Tombouctou. Mais ces dernières années, il est surtout connu pour diriger le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (Jnim), lié à Al-Qaïda. Opérant au Mali, au Burkina Faso et au Niger, ce groupe est accusé d'innombrables attaques contre les armées nationales et d'exactions contre les populations civiles.
Selon le mandat d'arrêt, Iyad Ag Ghaly est poursuivi pour l'attaque d'Agheloc en janvier 2012, au cours de laquelle au moins 40 soldats maliens avaient été tués ainsi que pour la prise et l'occupation de Tombouctou pendant dix mois. Les autres crimes visés sont notamment des meurtres (y compris de soldats), des viols, de l'esclavage sexuel, de la torture, ainsi que « des attaques intentionnellement dirigées contre des bâtiments consacrés à la religion et des monuments historiques ».
Ansar Dine a notamment détruit en 2012 à coups de pioche et de pelle 14 des 16 célèbres mausolées de saints musulmans de Tombouctou, où il faisait régner la terreur parmi la population locale.