Nigeria: L'imbroglio autour de l'émir de Kano se poursuit

Au Nigeria, fin mai, le gouverneur local, membre de l'opposition, a réinstallé l'ancien émir Lamido Sanusi sur le trône. Il en avait été chassé en 2020 par le précédent gouverneur et remplacé par Aminu Ado-Bayero, qui continue de revendiquer son titre. Une cour de justice fédérale vient de lui donner raison sauf que les autorités ne l'entendent toujours pas de cette oreille.

La crise se poursuit dans la ville de Kano, dans le nord du Nigeria, pour décider qui doit occuper le siège d'émir, le deuxième dignitaire le plus important du pays après le sultan de Sokoto.

Malgré deux décisions de justice en faveur de l'émir déchu Aminu Ado-Bayero, le gouverneur de l'État de Kano ne veut toujours rien céder. Après avoir demandé au gouvernement local de verser un peu plus de 6 000 euros à l'émir déchu Aminu Ado-Bayero, la dernière décision de justice en date, émise par une cour fédérale jeudi 20 juin, annule pourtant la loi qui a permis de replacer l'ancien émir Lamido Sanusi sur le trône et ouvre la voie au retour de son prédécesseur.

Si certains chefs traditionnels ont salué un jugement « qui fait prévaloir la lumière sur le mensonge », les autorités en place, qui soutiennent Lamido Sanusi, semblent, selon eux, avoir immédiatement réinterprété cette décision de justice en sa faveur. Le commissaire de Justice de l'État de Kano a annoncé dans la foulée que Lamido Sanusi resterait sur le trône et qu'Aminu Ado-Bayero devait quitter la résidence dans laquelle il vit depuis le début de cette crise, car celle-ci doit être détruite et rénovée. La police a été mobilisée pour expulser l'émir déchu dans les plus brefs délais, ont fait savoir les autorités.

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Une « guerre du trône »

Cette « guerre du trône » est aussi au coeur d'enjeux très politique et reflète une lutte de pouvoir entre deux anciens gouverneurs de l'état de Kano : d'une part, le puissant Rabiu Kwankwasso, qui a nommé Lamido Sanusi au poste d'émir en 2014 et de l'autre, Abdullahi Ganduje, qui l'a chassé du trône en 2020.

Le premier a fondé en 2023 le Nouveau Parti Populaire Nigérian (NNPP), alors que le second est le président national du Congrès des Progressistes (APC) au pouvoir.

C'est une situation potentiellement explosive, dans laquelle le président du Nigeria, Bola Tinubu, n'a toujours pas pris position jusque-là.

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