Ile Maurice: Manque de main-d'oeuvre - Sans les retraités, les cannes resteraient aux champs

Avec l'annonce du début de la récolte sucrière pour le lundi 24 juin prochain à Altéo, les petits planteurs se retrouvent une nouvelle fois avec le casse-tête de la main-d'oeuvre. Pour eux, les années se suivent et se ressemblent. Il n'y a pas assez de Mauriciens qui veulent couper les cannes. Contrairement à ce que disait Serge Lebrasse dans son fameux séga que «si Ti Paul pas travay tablisman tom lo lapay», les petits planteurs affirment que si les personnes du troisième âge ne travaillent pas, leurs cannes resteront dans les champs !

La majorité des petits planteurs ont recours à un contractuel qui s'en charge pour leur récolte ainsi que pour des travaux pour la pré-récolte. L'un d'eux est Hassen Auleear, un habitant de Triolet. Il nous explique qu'il fait ce travail depuis 1983 et compte aujourd'hui environ 150 petits planteurs, qui possèdent d'un demi arpent jusqu'à une vingtaine d'arpents de cannes, qui ont recours à lui. S'il y a une dizaine d'années, il avait une trentaine de coupeurs de cannes à sa disposition, aujourd'hui, il n'a qu'une douzaine.

«J'avais prévu cette situation depuis des années mais j'ai commencé à avoir recours à la mécanisation, notamment avec des chargeurs», souligne Hassen Auleear. Ses employés, pendant l'entrecoupe, font d'autres travaux dans les champs, notamment asperger de l'herbicide et autres pesticides. Il ne passe pas par quatre chemins pour dire que la seule solution est l'importation de la main-d'oeuvre.

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En ce qui concerne cette main-d'oeuvre étrangère, la Mauritius Cane Industry Authority (MCIA) s'était lancée l'année dernière dans une série de consultations avec des planteurs (gros, moyens et petits), des contractuels aussi bien que des syndicats. Il y avait bien un rapport qui avait été soumis au ministère de l'Agro-industrie. Il nous revient que tout le dossier est sur la table du ministère du Travail qui doit donner son aval pour l'importation de la main-d'oeuvre étrangère. Mais toujours est-il que certains petits planteurs ont recours à des employés étrangers, qui travaillent déjà à Maurice dans d'autres secteurs.

L'un de ces petits planteurs est Kailash Ramdhany qui possède une vingtaine d'arpents de terre dans la région de Grand-Diable, Quatre-Soeurs. «Moi j'ai recours à des travailleurs qui sont affectés dans d'autres secteurs. Durant leur temps libre, comme les week-ends, je fais appel à eux pour venir travailler dans les champs. Mais je dois mettre le prix. Car il faut mettre un moyen de transport à leur disposition, leur donner de quoi manger et leur procurer des équipements dont des paires des gants, des bottes et la serpe.» Il ne voit pas un grand avenir pour la culture de la canne et de ce fait, il commence à diversifier les produits. «A la place de la canne je cultive des bananiers et des papayers. Je suis sûr que ma famille et moi nous pouvons récolter ces fruits.» Il rappelle qu'environ 25 000 arpents de terrain sous culture de la canne ont été abandonnés représentant un manque à gagner pour 60 000 tonnes de sucre.

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