Sierra Leone: Le pays interdit et criminalise les mariages d'enfants, véritable fléau

Le Parlement de Freetown a adopté samedi 22 juin un projet de loi afin d'interdire le mariage des enfants en Sierra Leone. Des centaines de milliers d'enfants, dont une grande majorité de filles, sont victimes de mariages ou d'unions précoces. Une pratique répandue qui sera, désormais, criminalisée.

La Sierra Leone compte 9 millions d'habitants. En 2017, 800 000 épouses avaient moins de 18 ans, dont une moitié ayant même moins de 15 ans, selon l'Unicef. Soit près de 10 % de la population sous le seuil de la majorité étant contrainte d'avoir une vie d'adulte, alors qu'il ne s'agit encore que d'enfants.

Les conséquences de ces mariages précoces sont nombreuses : une scolarité inachevée, des grossesses prématurées, des dommages sur l'état physique et psychologique d'humains mineurs, dont on vole l'enfance.

Pour empêcher cela, la loi adoptée en Sierra Leone fera encourir des peines de prison à ceux qui provoquent de telles unions : des peines d'au moins 15 ans de prison assortis d'amendes minimum d'au moins 50 000 leones (2 000 euros).

L'organisation Save the children espère des effets rapides de cette mesure. Car la Sierra Leone a l'un des taux de mariages d'enfants, de grossesses précoces et de mortalité maternelle les plus élevés au monde, rappelle l'organisation de défense des droits des enfants.

« Une chaîne de pauvreté qui se construit de génération en génération »

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Jointe par RFI, Valérie Koutou, chargée de plaidoyer au sein de l'ONG Save The Children pour l'Afrique de l'Ouest, se félicite pour l'adoption du projet de loi et nous explique ce qu'elle pourrait changer pour des milliers d'enfants.

Le mariage des enfants est un phénomène qui vient avec plein d'autres situations désastreuses pour la jeune fille, notamment sur le plan de la scolarité si une jeune fille est mariée avant 18 ans ou si elle est enceinte avant 18 ans. Sur le plan éducationnel, en Afrique, elle est obligée de laisser les bancs, de quitter l'école pour venir s'occuper de sa nouvelle famille, bien qu'elle n'ait pas toutes les compétences, ne soit pas formée et ne soit pas prête pour s'occuper d'une famille. Cela créé donc une pression psychologique au niveau de l'enfant qui l'empêche, en fait, de suivre son enfance. Et pire que cela, elle ne sera pas à même de pouvoir éduquer ses enfants parce qu'elle est rentrée dans le mariage en jeune âge. N'ayant pas d'abord fini sa propre éducation, elle ne sera pas à même d'éduquer ses enfants pour qu'ils puissent contribuer plus tard à l'économie du pays. Donc, en fait, cela fait une chaîne de pauvreté qui se construit de génération en génération et, souvent, qui n'est pas très perceptible.

Selon Valérie Koutou, chargée de plaidoyer au sein de l'ONG Save The Children pour l'Afrique de l'Ouest, la nouvelle loi pourrait briser «une chaîne de pauvreté qui se construit de génération en génération»

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