Rwanda: Campagne pour la présidentielle - Chronique annoncée d'un triomphe sans gloire

La campagne pour la présidentielle et les législatives du 15 juillet 2024 au Rwanda, a pris son envol le 22 juin dernier. Trois candidats sont en lice dont le président sortant, Paul Kagame, au pouvoir depuis 2000.

Les autres candidats ont pour noms : Frank Habineza du parti démocratique vert du Rwanda et Philippe Mpayimana, un candidat indépendant. Si, en apparence, ces deux candidats ont le profil d'opposants, il ne faut cependant pas se bercer d'illusions. Ils ne sont, en réalité, que des candidats motards. Car, on le sait, le vainqueur de cette présidentielle est connu d'avance.

Et ce n'est autre que Paul Kagame du Front patriotique rwandais (FPR). C'est vrai que le bilan de ses deux décennies de gouvernance parle en sa faveur puisque les signaux sont au vert sur les plans économique, sécuritaire, social, etc. Mais l'arbre ne doit pas cacher la forêt. Car, derrière ces résultats positifs dont se gargarise l'homme mince de Kigali, se cache la cruelle réalité qu'est la prédation des droits humains et le bâillonnement des libertés.

A preuve, aucun candidat capable de tailler des croupières au président sortant, n'a été autorisé à prendre part à cette présidentielle. C'est dire si Kagame va en roue libre pour succéder à lui-même pour un nouveau mandat. Autant dire que c'est la chronique annoncée d'un triomphe sans gloire.

Bien des électeurs iront, de gré ou de force, plébisciter Paul Kagame dans les urnes

Le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est un scrutin sans enjeu. Car, comme en 2017, bien des électeurs iront, de gré ou de force, au terme des trois semaines de campagne, plébisciter Paul Kagame dans les urnes.

Comme dans bon nombre de pays africains, Kagame a verrouillé l'espace politique dans son pays. Seuls ont voix au chapitre, les Raspoutine et autres soutiens et sympathisants du régime. Tout opposant qui ose lever le petit doigt pour critiquer sa gouvernance est, dans le meilleur des cas, jeté en prison et dans le pire des cas, envoyé ad patres.

C'est donc une véritable chape de plomb qui s'abat sur les opposants et autres défenseurs des droits de l'Homme. Et ce n'est pas l'opposante Victoire Ingabire qui dira le contraire ; elle dont la candidature a été rejetée sans autre forme de procès. C'est donc une campagne électorale presqu'à sens unique, que les 9,5 millions d'électeurs rwandais s'apprêtent à vivre.

En tout cas, Kagame a déjà donné le ton. Il a, lors du lancement de sa campagne, dans le district de Musanze, province du Nord, déclaré que la politique du FPR consistait à « assurer le développement de tous les Rwandais sans laisser personne de côté ». Kagame se considère comme le messie du Rwanda.

Et tant que les choses resteront ainsi, il ne faut pas rêver d'une alternance au Rwanda. D'autant que, comme l'avait dit le président gabonais Omar Bongo, en Afrique, on n'organise pas des élections pour les perdre. Et, on a le sentiment que les princes régnants sur le continent, ont bien assimilé la leçon.

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