Burundi: Le rituel de la «croisade religieuse» du président se poursuit, malgré la crise économique

C'est devenu un véritable rituel : le président burundais Évariste Ndayishimiye et sa famille organisent à chaque anniversaire de son accession au pouvoir depuis quatre ans, trois jours de prosélytisme baptisés « croisade religieuse » auxquels tous les hauts responsables et cadres du pays doivent participer, pour « remercier » Dieu pour ses bienfaits.

Au programme de cette « croisade religieuse » : des chorales, enseignements bibliques, prières par le président et la Première dame... Ces festivités se sont déroulées du 20 au 22 juin dans la province de Mwaro au centre du pays, alors que le Burundi traverse une grave crise caractérisée par une pénurie d'essence, sucre, bières et autres médicaments, faute de devises pour les importer. Ce qui n'a pas empêché le président Ndayishimiye d'appeler les Burundais à croire plus que jamais dans sa vision d'un « Burundi pays émergent en 2040, et développé en 2060 ». Et il n'a pas hésité à s'en prendre à ceux qui ont perdu espoir.

« Un pays de lait et de miel »

Comme il fait le souvent, le président s'est avancé vers le podium, drapeau national à la main et en dansant au rythme d'une chanson religieuse chantée par sa chorale. Puis pendant plus de deux heures, il va essayer de convaincre la population que le Burundi va bientôt être « un pays de lait et de miel » et « développé », malgré une crise socio-économique d'une ampleur inégalée qui frappe ce pays, et qu'il minimise, selon l'opposition. Quant à ceux qui ne croient pas dans ses promesses, des « ingrats » comme il les a qualifiés la veille, ils sont au service de Satan tout simplement.

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« Ce n'est pas une voie toute droite, mais c'est une route tortueuse semée d'embuches, ce qui peut décourager beaucoup d'entre nous, dit le général Évariste Ndayishimiye. Et nous commençons d'ailleurs à voir des Burundais qui disent qu'ils ont perdu tout espoir, et qui semblent prêts à se révolter. Qu'ils sachent qu'ils sont sous l'emprise de Satan, et que la perte de tout espoir va leur apporter la malédiction. Nous disons aujourd'hui, "Dieu pardonne-leur, parce qu'ils ne t'ont pas encore totalement accepté" ».

« Un déni volontaire »

C'est une instrumentalisation de Dieu en vue de masquer le fait que « son bilan est jusqu'ici un échec », a dénoncé Kefa Nibizi, à la tête du petit parti d'opposition Codebu. « Il y a une façon de fuite de responsabilité, de dire "voilà tout ce qui se fait, c'est la volonté de Dieu, il faut vous montrer patient", c'est pour se tirer d'affaire. Nous pensons qu'il s'agit d'un déni volontaire de la situation réelle qui prouve finalement l'incapacité de trouver des solutions », conclut-il.

Hier, un des nombreux évangélistes burundais qui se fait appeler « apôtre », a prévenu les Burundais qui ne soutiennent pas le président Ndayishimiye : « Celui qui combat l'élu de Dieu s'expose à la fureur de Dieu », selon le compte X de la présidence.

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