Six mois après l'explosion du dépôt de carburants de Conakry qui a fait au moins 25 morts et des centaines de maisons endommagées, les sinistrés demandent leur indemnisation. Faute d'accord avec les autorités, des habitants du quartier populaire de Coronthie, le plus touché par la déflagration, ont décidé d'entamer la reconstruction par leurs propres moyens. Système D et solidarité sont les maîtres-mots de ce chantier à deux pas de la présidence et des ministères.
« Ici, c'est ma maison » : Mamoudou Cifo Kétouré est en train de rénover la petite bâtisse. Deux pièces ont été inondées par les dernières pluies. « Il y a de l'eau parce que justement ce n'est pas encore couvert. C'est pour cela que les menuisiers sont en train de travailler », explique-t-il.
Ce jeune professeur de philosophie est le président du comité des sinistrés des hydrocarbures de Coronthie. « Nous sommes dans la zone la plus touchée, située à 500 mètres du dépôt d'hydrocarbures. Ici, nous avons 55 concessions. Jusqu'à présent, il y a des familles qui n'ont pas réussi à poser une seule brique. Nous sommes en train de faire nos maisons nous-mêmes et à nos propres frais. C'est un quartier populaire, un quartier très pauvre. En réalité, les circonstances ont fini par montrer aux populations qu'elles doivent se lever elles-mêmes pour leur propre sort. C'est ce qui les a amenées à chercher des moyens, même en ayant des dettes, des crédits pour venir faire leur maison », continue-t-il.
Mamoudou porte aujourd'hui les revendications de tout son quartier : « Nous demandons l'indemnisation. Le deuxième point est la restitution complète de tous les dons. » Au lendemain de la catastrophe, les dons ont afflué dans un élan de solidarité nationale. Mais selon Mamoudou, ils ne sont pas parvenus en totalité aux sinistrés. « Une chose reste claire quand même : ce que nous faisons est provisoire et en attendant le dédommagement parce que c'est la loi qui l'exige », termine-t-il.
L'État a débloqué 800 000 euros pour reloger les sinistrés. Cette solution n'a pas été discutée avec les habitants, dénonce Mamoudou Cifo Kétouré. Aujourd'hui, Coronthie est dans une impasse.