Ile Maurice: Après le scandale du Molnupiravir, voici celui de RSL Security...

La Private Notice Question sur la Mauritius Cane Industry Authority (MCIA) a révélé qu'il y a bien eu des magouilles au moins dans l'attribution illégale de contrats de gardiennage à RSL Security Services Ltd (RSL) pour Rs 70 millions. On vous explique comment.

Selon le rapport de l'Audit du gouvernement, un contrat pour Rs 1 283 622 avait été alloué le 1er juin 2019 par la MCIA à RSL pour une année. Cependant, en mai 2020, mois pendant lequel Satish Purmessur fait son entrée comme CEO, le contrat est renouvelé pour 12 mois et encore une fois pour 12 mois supplémentaires et cela sans appel d'offres. Et au bout de ces 24 mois, le contrat a continué à être renouvelé mais mensuellement et ce jusqu'en mars 2023. Manne totale pour RSL : Rs 70 M pour un contrat qui devait à l'origine n'être que pour Rs 14,4 m pour un an.

Pour tenter de justifier l'absence de recours à des appels d'offres, la MCIA parle des difficultés - non de l'impossibilité - de le faire pendant le Covid. Pour rappel, le dernier confinement datait du 30 avril 2021 alors que les contrats en faveur de RSL ont été étendus dès mai 2021. D'ailleurs, on se demande toujours pourquoi les deux premières extensions ont été faites pour un an «et non par trimestre ou mensuellement».

Si pour la MCIA, le Covid l'a empêchée de lancer des appels d'offres, NeeteeSelect, par exemple, n'a eu aucune difficulté pendant le Covid à participer aux appels d'offres restreints de triste mémoire. Le 14 juin dernier, lorsqu'Arvin Boolell demandait au ministre des Finances comment des licences ont pu être émises à SMS Pariaz en plein Covid, il a eu cette réponse : «(...) on était confiné, mais il y avait des activités qui continuaient. Il y avait des secteurs d'activités qu'on laissait travailler (...) durant quelques semaines, c'était fermé complètement, mais petit à petit, on a ouvert de nouveau les secteurs d'activités...» Visiblement, pour la MCIA le confinement était total et a continué jusqu'en mars 2023, selon le rapport de l'Audit qui s'arrête au mois de mars.

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Coucou, I'm back !

Cependant, RSL a encore obtenu un contrat de la MCIA en avril 2023 et ce jusqu'à juin 2024, soit pour 15 mois. Et cela paraîtra sans doute dans le prochain rapport de l'Audit. On ne sait pas si le contrat a été renouvelé sur une base mensuelle. Nous avons contacté Satish Purmessur pour obtenir confirmation. Mais il n'a pas voulu parler à notre journaliste, prétextant qu'il ne le connaissait pas... Selon nos informations, RSL y est toujours actif même si le montant du contrat a été réduit à Rs 700 000 par mois au lieu de Rs 1,2 M, car la MCIA aurait recruté au moins une quinzaine de ses propres gardiens, et ce, sans appel à candidatures.

Mais pourquoi ces renouvellements mensuels entre avril 2022 et mars 2023, que le ministre de l'Agro-industrie Mahen Seeruttun n'a pas expliqués ? Il faut savoir qu'un appel d'offres avait bien été lancé en avril 2022 et c'est Top Security Service Ltd qui l'avait remporté. Un autre soumissionnaire, Premier Security Solutions Ltd, décide de contester cette décision devant l'Independent Review Panel (IRP).

Le 2 décembre 2022, le tribunal donne raison à Premier Security qui avait attiré l'attention sur le fait que l'offre de Top Security ne respectait pas le salaire minimum devant être payé à ses vigiles. L'IRP ordonne l'annulation du contrat à Top Security et la réévaluation des offres. Et pendant ce temps, bien sûr, les services de RSL étaient retenus par la MCIA sur une base mensuelle. Certains soupçonnent que cette contestation aurait été incitée par la MCIA pour permettre à RSL de continuer à jouir de l'extension du contrat.

Alors que le tribunal a ordonné uniquement la réévaluation des offres, la MCIA a lancé et annulé au moins trois appels d'offres, le dernier en août 2023, par- mi lesquels RSL n'a pas été choisie. Et c'est pourquoi RSL est toujours présente à la MCIA depuis avril 2023 jusqu'en juin 2024. À savoir que contrairement à ce qu'a affirmé Mahen Seeruttun au Parlement, RSL surveille en ce moment non pas un seul mais plus de 25 sites de la MCIA.

Voilà comment les procédures d'appels d'offres sont contournées par la MCIA dont le nom est à ajouter à celui de la STC et d'autres ministères qui devisent des moyens pour privilégier ceux avec qui certains ont probablement des intérêts. Mercredi, lors des débats du Committee of Supply, on apprenait que RSL a obtenu un contrat de Rs 100 M rien que pour la surveillance des établissements scolaires. Cela, malgré les révélations de mauvaises pratiques pour les contrats avec la MCIA. RSL en a obtenu aussi auprès du ministère de la Santé, de la CWA, du CEB, de l'université de Maurice et d'autres institutions publiques.

Un brin d'histoire ...

Le recours par l'État au gardiennage privé a connu une expansion fantastique sous le règne du MSM dans les années 90. La seule compagnie de sécurité de l'époque était Securicor, fondée par l'ex-commissaire de police Jacques Ribet. En 2006, Securicor est passée sous le contrôle de Brink's France. Mais cette dernière obtient rarement des contrats publics.

Avant 1990, le gardiennage était assuré par un employé ou fonctionnaire de l'institution même. D'autres institutions comme les écoles et collèges n'en avaient pas mais lorsqu'ils ont commencé à avoir recours à des gardiens, c'était au privé dont un des heureux bénéficiaires était la compagnie SOS Guard ayant appartenu à Madhukar Ramnarain.

On raconte que les contrats pour la surveillance des écoles avaient commencé après que des vols avaient été «organisés» pour justifier l'appel aux gardiens privés. Et lors d'une question plantée au Parlement à l'époque, le ministre concerné se levait pour assurer qu'il n'y aurait plus de vols car les écoles seraient surveillées. En fait, les vols ne s'arrêteront pas. On se rappelle ceux commis au SSS de Floréal cette année, privant le collège d'électricité, comme l'a révélé Joanna Bérenger. Et c'est justement la compagnie RSL Security Services Ltd qui «surveillait» les lieux...

Molnupiravir et gardiens

C'est Priseela Chuttoo qui est derrière RSL alors que c'est Jay Kumar dit Akash Chuttoo qui est derrière CPN Distributors Ltd. C'est cette société qui avait remporté le contrat pour la fourniture de Molnupiravir en réclamant un prix huit fois supérieur à celui du marché. C'était pendant le Covid. La pandémie aura donc aussi servi aux Chuttoo pour multiplier par cinq leurs revenus de gardiennage. Akash Chuttoo n'a jamais été inquiété pour l'affaire Molnupiravir ni par l'Independent Commission Against Corruption ni par la police ni par une autre institution. À la place, ce sont d'autres contrats que les Chuttoo ont obtenus.

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