Déjà son nom est synonyme de courage. Même les athlètes de haut niveau ne font pas le poids. Lui, il a traversé des villages, grimpé des montagnes, traversé des fleuves. Son corps a supporté l'ensemble des conditions atmosphériques et météorologiques des régions. Une véritable « cage thoracique olympique » qui mérite des tonnes de médailles d'or à son cou.
Zoto peut se vanter d'avoir fait le tour de la Grande-Ile à pied. « J'ai fait le tour de Madagascar 43 fois. J'ai commencé dès mon plus jeune âge, en 1969 », raconte-t-il avec humilité. Durant ce long périple, l'athlète a pu étudier les diverses cultures du pays. Bien que les coutumes aient des nuances d'une région à l'autre, il est convaincu que les Malgaches ont un point commun, l'hospitalité.
« Nous avons cette libéralité que nous exerçons en recevant, en logeant gratuitement les passants. Partout où j'allais, les gens m'ont respecté. J'étais vraiment touché. Ils m'ont donné de quoi manger, des provisions pour que je ne sois pas affamé en cours de route... Ces gestes, je ne les oublierai jamais. Ces personnes m'ont motivé davantage. Et sans eux, je n'aurais pas pu réaliser mon rêve ! », a-t-il reconnu.
Il semblerait que le patriotisme ne soit pas seulement de prendre les armes pour défier les ennemis de la nation, ni exhiber d'une manière ostentatoire les insignes de sa nation. La volonté de ce monsieur est un exemple. Pour faire 43 fois le tour d'un pays mesurant 590 000km², il faut avoir du cran. Cependant, cette bravoure n'est nullement considérée par les intendants. « Ce qui est désolant dans cette histoire, c'est qu'aucune autorité n'a levé un seul petit doigt. Combien de présidents, de ministres de sports se sont succédé depuis 1969 ? N'ont-ils jamais vu ou entendu, ne serait-ce que le nom de ce vaillant bonhomme ? », se demande Jean Claude Velomanana, un journaliste chevronné d'Antsiranana.
En effet, passé ses 70 ans, le vieil homme n'a reçu aucune distinction de la part de l'État. Ne serait-il pas l'heure d'honorer les efforts effectués ? Ce marathonien vaut mieux que ces soi-disant sportifs de qualité, ces troisièmes dauphines ou encore ces artistes nominés par chance lors des concours internationaux, accueillis en grande pompe...
Angoisse, inquiétude, Zoto a tout vaincu. Toutefois, ce voyage lui a ouvert les yeux sur la misère, la souffrance et l'obscurité dans laquelle vivent ses compatriotes. Il est descendu sur le terrain pour appliquer la fameuse expression « midina ifotony » (descendre sur le terrain).
