Rwanda: L'imperturbable Kagamé !

analyse

Au Rwanda, la campagne pour l'élection présidentielle du 15 juillet prochain se déroule, conformément au calendrier électoral. La pêche aux voix en vue de ce scrutin couplé pour la première fois aux législatives a démarré, le week-end écoulé.

Au pouvoir depuis 24 ans, le chef de l'Etat sortant, Paul Kagamé, 66 ans, est en lice. Il entend conquérir un 4e mandat à cette présidentielle qui va consacrer la réduction de la durée du mandat de 7 à 5 ans, en vertu d'une révision constitutionnelle controversée de 2015.

Cette modification, ses adversaires politiques qui en souffrent toujours, avait remis le compteur à zéro pour Kagamé à nouveau dans la compétition face aux mêmes challengers de 2017. Grandissime favori, Kagamé va défier deux opposants, qu'il connait bien, dans les urnes. En l'occurrence, l'écologiste et transfuge du parti au pouvoir, Frank Habineza et l'ancien journaliste, Philippe Mpayimanan, entré d'exil récemment.

Ces deux prétendants au trône, présentés comme des figurants pour défendre un semblant de démocratie, selon certains observateurs, ont une chance que d'autres n'ont pas eue. Plusieurs figures de l'opposition, tels Victoire Ingabire, Bernard Ntaganda et Diane Rwigara ont été écartés de la course à la présidentielle pour diverses raisons. Les deux premières personnalités citées l'ont été à cause des condamnations judiciaires et la troisième, pour documents non conformes. Certaines langues ne disent-elles pas que Kagamé choisit ses adversaires pour les élections présidentielles ?

Le Rwanda est d'ailleurs perçu par certaines Organisations non gouvernementales (ONG), dont Human Rights Watch, comme l'un des Etats les plus répressifs en Afrique, les voix discordantes y étant très peu tolérées. Cette mauvaise image attribuée au pays ne semble pas émouvoir Kagamé dont l'entrée en campagne a été marquée par un incident malheureux, notamment une bousculade lors d'un meeting dans le nord-ouest qui a causé la mort d'une personne et occasionné 37 blessés. Ce fâcheux contretemps ne devrait pas pour autant empêcher le dirigeant rwandais de poursuivre le cap, avec pour ultime objectif de conserver son fauteuil.

Abonné aux scores staliniens (plus de 90 % des voix le plus souvent), Kagamé marche visiblement sur un boulevard. A moins d'un tsunami, il est quasiment assuré d'être réélu, lui qui a encore la possibilité de rester au pouvoir jusqu'en 2034, en vertu des dispositions constitutionnelles. Il y a lieu de le dire, même s'ils ont des partisans, les deux candidats opposés à Kagamé ne sont pas de nature à le faire trembler.

Le chef de l'Etat rwandais, qui règne d'une main de fer sur ce pays d'Afrique de l'Est, jouit d'une certaine popularité. Même s'il se fait régulièrement taxer de dictateur par les défenseurs de la démocratie et des droits de l'Homme. Pour bon nombre de ses compatriotes, Kagamé a réussi à propulser le Rwanda vers l'avenir, tirant un trait sur son passé trouble.

Il faut concéder au chef de l'Etat rwandais le fait d'avoir oeuvré à apaiser les coeurs après le génocide de 1994, toujours vivace dans les esprits. Kagamé peut aussi et surtout se vanter d'avoir porté le Rwanda à un niveau de développement fort appréciable, de sorte à en faire un modèle sur le continent africain, voire au-delà. En la matière, on sent l'existence et le déroulement d'une vision stratégique pour le « pays des mille collines ».

La Banque mondiale ne salue-t-elle pas régulièrement les « progrès spectaculaires » réalisés dans divers domaines, ces trente dernières années, au Rwanda ? Tout porte à croire qu'il est difficile de surclasser Kagamé dans un contexte où il a le vent en poupe. La probabilité qu'il reste maitre du pays, après la présidentielle du 15 juillet prochain, est très forte.

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