Burkina Faso: Initiative présidentielle pour dynamiser le secteur de l'éducation et de la formation - Une mesure qui vaut son pesant d'or

Le Conseil de ministres, en sa séance du 20 juin dernier, a adopté un projet de décret portant « Initiative présidentielle pour une éducation de qualité pour tous ». Le projet vise à améliorer, de façon rapide et significative, les conditions de l'éducation dans son ensemble et comprend sept composantes.

La première de ces composantes porte sur la construction, la sécurisation, la normalisation et la modernisation des infrastructures éducatives. La seconde composante est relative à la création d'une université polytechnique tandis que la troisième est en lien avec les réformes des structures de gestion des écoles et la dynamisation de la participation des acteurs de l'éducation.

Les quatrièmes et cinquièmes composantes sont relatives respectivement à la dynamisation des cadres d'apprentissage, de formation continue des enseignants et l'assainissement ainsi que l'encadrement de la délivrance des diplômes. Quant aux sixième et septième composantes, elles portent sur la dynamisation de l'enseignement professionnel et technique et l'organisation de la discipline scolaire et de la propreté des établissements.

Comme on peut le constater, c'est une approche holistique du système éducatif et une thérapie de choc contre certains maux qui le minent, qui sont envisagées. Et c'est en cela que cette initiative est à saluer ; tant elle viendra donner un coup d'accélérateur à la transformation qualitative de l'Ecole burkinabè.

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L'éducation est un domaine de souveraineté nationale

L'initiative est d'autant plus à louer que le système éducatif a été durement touché par la crise sécuritaire. Ainsi, de nombreuses infrastructures ont été détruites et il paraissait plus urgent que jamais que la réinstallation des populations déplacées internes dans leurs localités de départ, soit accompagnée d'une vigoureuse politique de construction, de rénovation et de modernisation des structures éducatives.

Mais là où véritablement cette initiative présidentielle vaut son pesant d'or, c'est qu'elle traduit la reprise en main de l'Ecole burkinabè par la Nation. Car, pendant longtemps, l'éducation a été laissée entre les mains de partenaires techniques et financiers qui l'ont parfois transformée en un vaste champ d'expérimentation où les essais ont parfois abouti à éloigner l'école de son rôle.

L'éducation est un domaine de souveraineté nationale et il faut se féliciter qu'avec ce projet d'une durée de cinq ans, les autorités politiques nationales ont enfin compris avec Nelson Mandela, que « l'éducation est l'arme la plus puissante que l'on puisse utiliser pour changer le monde ». Cela dit, l'on peut se demander si ce projet ne viendra pas complexifier davantage les actions dans un domaine où interviennent de nombreux acteurs au risque même de se marcher dessus.

Quand on regarde, en effet, les sept composantes de l'Initiative présidentielle, l'on se demande si finalement, elle ne vide pas le ministère en charge de l'éducation nationale de sa substance. L'on peut donc craindre des conflits de compétences si un mécanisme efficace de coordination, n'est pas mis en place. L'autre crainte que l'on peut avoir, c'est toujours la suite donnée aux grands projets de réforme dans le secteur de l'éducation s'ils ne sont pas accompagnés d'un système efficace de pérennisation.

Ainsi, l'on a beau construire des infrastructures éducatives modernes, si les communautés éducatives ne sont pas accompagnées dans leur entretien, elles retomberont bien vite dans la décrépitude. Cela dit, on espère que ces préoccupations qui, du reste, ne sont pas nouvelles, ont été prises en compte par l'équipe présidentielle.

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