Afrique de l'Ouest: Assimi Goïta à Ouagadougou - Dôgo IB, a bedi ? (1)

Le chef de l'Etat malien, le colonel Assimi Goïta et son homologue burkinabè le capitaine Ibrahim Traoré

On l'a appris hier, le chef de l'Etat malien, le colonel Assimi Goïta, débarque aujourd'hui, mardi 25 juin 2024, à Ouagadougou.

Selon le service de la communication de la présidence du Faso, ce séjour entre dans le cadre d'une visite d'amitié et de travail. L'hôte malien et son homologue burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré, évoqueront, entre autres, « les défis de la lutte contre le terrorisme et ceux liés au développement socioéconomique et à la quête d'une souveraineté totale de leurs pays respectifs ». Ce sera également une occasion pour les deux hommes d'échanger sur les moyens de renforcement de l'Alliance des Etats du Sahel (AES), créée par leurs pays et le Niger voisin.

La venue du colonel Goïta à Ouagadougou est en soi un événement dans la mesure où c'est la toute première fois que l'ancien pensionnaire du Prytanée militaire de Kati foule le sol burkinabè.

Le kôrô Assimi rend donc la pareille à son dôgô Ibrahim qui avait choisi Bamako pour sa première sortie à l'étranger le 2 novembre 2022, soit un mois après sa prise du pouvoir. Un signal fort en son temps donc traduisant ainsi l'intention du capitaine de marcher sur les pas du colonel qui a tourné le dos à la France pour se jeter dans les bras de la Russie de Vladimir Poutine.

Et depuis, l'axe Ouaga-Bamako va se renforcer et même se prolonger jusqu'à Niamey avec l'arrivée au pouvoir du général Abdourahamane Tiani, tombeur de Mohamed Bazoum.

En effet, confrontés au terrorisme qui sévit dans leurs pays, les trois officiers à la tête du Mali, du Burkina Faso et du Niger ont consolidé leur rapprochement par la création de l'AES dont la Charte, dénommée « Charte du Liptako-Gourma » prévoit en son article 5 : « Les Parties contractantes oeuvreront en outre à la prévention, la gestion et au règlement de toute rébellion armée ou autre menace portant atteinte à l'intégrité du territoire et à la souveraineté de chacun des pays membres de l'Alliance, en privilégiant les voies pacifiques et diplomatiques et, en cas de nécessité, à user de la force pour faire face aux situations de rupture de la paix et de la stabilité ».

%

Assimi Goïta au « Pays des hommes intègres », c'est comme un mentor qui rend visite à un mentoré.

C'est que, pour certains, à tort ou à raison, Bamako est devenu quasiment le centre d'impulsion de la conduite des affaires au Burkina Faso.

Pour sûr, rarement les relations entre le Burkina Faso et le Mali auront été aussi bonnes que nos jours : finies les sempiternelles querelles entre les deux pays, oubliées les deux « guerres des pauvres » qui ont opposé les deux nations en 1974 et en 1985, dissipé le différend frontalier au sujet de la bande d'Agacher définitivement tranché par la Cour internationale de justice de La Haye.

Place désormais à la communauté de vues entre les deux locataires des palais de Koulouba. Communauté dans la lutte contre le terrorisme. Communauté dans la lutte contre l'impérialisme. Communauté dans la lutte pour la souveraineté totale. Communauté dans le rapprochement avec Moscou. Moscou, pourvoyeurs d'instructeurs militaires, de matériels de guerre mais même plus.

Il faut relever que ce séjour du président malien intervient aux lendemains de l'incident à la roquette qui a touché les locaux de la Télévision nationale le 12 juin dernier. Un épisode qui a déclenché un tsunami d'infos, d'intox et de conjectures évoquant même de nouvelles velléités de déstabilisation.

Il a même été question de rotation d'un avion entre le Mali et Ouagadougou avec à son bord des renforts de soldats maliens et de mercenaires russes pour sauver le pouvoir du capitaine Traoré. Une allégation balayée du revers de la main par ce dernier lors de sa récente visite d'encouragement aux travailleurs de la RTB.

A cette occasion, en effet, le président burkinabè a dénoncé de fausses informations, indiquant que l'Iliouchine en question transportait des munitions de la MINUSMA devant être détruites sur place.

En tout état de cause, après la récente folle semaine dans le pays, on peut voir en cette visite du colonel Goïta un acte de réconfort et de soutien renouvelés à un allié qui, comme lui, a prolongé la transition pour terminer la manœuvre dans la lutte contre le terrorisme.

 (1) Petit frère IB, c'est comment ?

AllAfrica publie environ 600 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.