Afrique: Présence militaire française sur le continent - Le dispositif en voie d'être remanié

Une patrouille mixte de la force française Barkhane et des Fama, l'armée malienne, dans les rues de Ménaka (photo d'illustration).

Paris finalise ses ultimes arbitrages concernant l'avenir de sa présence militaire sur le continent africain. Un dispositif totalement renouvelé doit être officialisé prochainement. Une équation complexe mêlant considérations stratégiques, logistiques et politiques.

Quelques pays disposant d'accès maritimes et aériens jugés cruciaux vont jouer un rôle central dans le nouveau dispositif militaire français remanié en Afrique. Dans sa quête d'un nouveau souffle pour sa politique africaine, Paris esquisse une géographie sur mesure de ses futures positions, avec la restructuration de son dispositif militaire en Afrique. Ainsi, la création du Commandement pour l'Afrique (CPA) implique une réévaluation des pays les plus stratégiques pour la France. Plusieurs critères semblent guider les choix, au premier rang desquels les accès aériens et maritimes jugés «cruciaux» pour permettre une capacité d'intervention rapide.

Selon le site d'information Africa Intelligence, « l'armée française entend en priorité conserver ses accès aériens et maritimes» pour pouvoir intervenir avec «souplesse et réactivité» en cas de crise menaçant ses intérêts ou ses ressortissants. Ce facteur place en pole position les pays disposant d'infrastructures aéroportuaires et portuaires majeures comme le Sénégal avec Dakar, la Côte d'Ivoire avec Abidjan, ou encore le Gabon avec Libreville.

La présence de bases militaires existantes semble également peser lourd dans l'équation. Afrique Intelligent mentionne explicitement les sites d'Abidjan, de Dakar, de Libreville et de N'Djamena comme devant rester dans le nouveau schéma. Si les effectifs y seront considérablement réduits, leur maintien suggère leur importance stratégique dans le calcul français. Au-delà des critères purement logistiques, les considérations politiques et sécuritaires entrent en ligne de compte, comme l'illustre la référence au «précédent nigérien». Après le putsch de 2023, les militaires français ont été directement exposés dans ce pays du Sahel, une situation que Paris souhaite éviter à l'avenir. La stabilité politique des pays partenaires sera donc scrutée de près.

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En effet, l'expérience nigérienne a démontré les risques encourus lorsque le lien de confiance avec les autorités locales est rompu. Dans cette optique, l'armée française semble opter pour une posture d'accès temporaire plutôt qu'une présence permanente massive. Une approche réaliste qui lui permettra de conserver une liberté d'action et de projection, tout en réduisant son exposition aux aléas politiques régionaux. Sur la base de ces différents éléments, on peut esquisser un classement provisoire des pays africains jugés les plus stratégiques pour le nouveau dispositif français :

1. Sénégal (accès maritimes à Dakar, base existante)

2. Côte d'Ivoire (accès aériens à Abidjan, base existante)

3. Gabon (base à Libreville)

4. Tchad (base à N'Djamena malgré la réduction des effectifs)

5. Autres pays côtiers du Golfe de Guinée (enjeux maritimes)

Une stratégie de points d'appui pour conserver une capacité de projection

«Si elle souhaite poursuivre sa coopération autour d'un partenariat resserré avec les États concernés, l'armée française entend en priorité conserver ses accès aériens et maritimes», peut-on lire dans l'article d'Afrique Intelligent. Cet extrait illustre la volonté de l'armée française de recentrer sa présence militaire en Afrique autour de quelques points d'appui stratégiques, principalement motivée par la nécessité de conserver une capacité de projection rapide sur le continent. En privilégiant le maintien d'accès aériens et maritimes clés, Paris vise à garantir une mobilité et une réactivité accrues de ses forces.

Cette approche traduit une évolution pragmatique, délaissant une posture d'implantation lourde au profit d'un dispositif plus léger mais hautement manoeuvrant. L'objectif est de pouvoir intervenir avec célérité en cas de crise menaçant ses intérêts ou ses ressortissants, tout en réduisant son empreinte physique. Les pays disposant d'infrastructures aéroportuaires et portuaires conséquentes, tels que le Sénégal, la Côte d'Ivoire ou le Gabon, constitueront naturellement les pivots de ce nouveau schéma. Leur rôle de plateforme de projection et de noeud logistique sera essentiel pour assurer la fluidité des mouvements de troupes et de matériels. Cependant, comme indiqué plus haut, au-delà des considérations purement opérationnelles, la stabilité politique des partenaires africains demeurera un critère déterminant.

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