Le volume des réserves de change de la Banque des États de l'Afrique centrale (BEAC) représente une couverture extérieure de la monnaie de 78,4%, soit 4,79 en mois d'importations de biens et services, contre 4,82 en mois courant 2023. La sous-région qui devrait poursuivre ses réformes économiques entend maintenir les efforts de rapatriement des recettes d'exportation et de stabilisation du système bancaire.
La mise en oeuvre de la règlementation des changes de la Banque centrale figure parmi les nombreux sujets évoqués, le 24 juin, par le gouverneur de la BEAC, Yvon Sana Bangui, au cours de sa conférence de presse. Il a fait le point sur les conclusions de la deuxième session ordinaire de l'année du Comité de politique monétaire de la BEAC tenue le même jour.
Yvon Sana Bangui a souligné le rôle joué par la BEAC dans la gestion des réserves de change des États membres, après les discussions avec certains industriels de la sous-région. « La Banque centrale règle souvent les factures d'exportation en dollars, ce qui affecte nos avoirs en devises et nous expose à un risque. Il fallait interpeller les responsables industriels sur la nécessité d'augmenter la production nationale afin de satisfaire en priorité les besoins nationaux et de la sous-région. Cette démarche est cruciale pour préserver les réserves de change des États à la BEAC », a-t-il estimé.
La stabilisation des réserves de change des États (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad) demeure l'une des priorités affichées de la Banque centrale. Lors de ses premières sorties officielles, en mars dernier, le gouverneur de la BEAC avait indiqué son intention de renforcer la mise en oeuvre de la règlementation des changes en vigueur depuis janvier 2019 au sein de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (Cémac). La mesure a permis jusqu'ici à la zone Cémac de relever ses réserves, d'équilibrer sa balance commerciale et d'éviter la dévaluation de la monnaie.
Il faut savoir que cette règlementation des changes de la BEAC fixe à cinq millions FCFA le plafond de l'allocation des devises avec la possibilité d'aller au-delà si la demande est justifiée. Elle prévoit une rétrocession de 70% des devises de toutes les opérations, alors que l'ancienne règlementation de l'an 2000 faisait des rétrocessions de 100% des devises encaissées à l'occasion des opérations d'exportation. Dès les premiers mois de 2019, les rétrocessions de devises ont atteint 1376,1 milliards FCFA pour les cinq premiers mois de l'année, contre 605,2 milliards FCFA sur la même période de l'année précédente, soit une hausse de 127%.
Outre la stabilisation des réserves en devises, le gouverneur de la BEAC a évoqué le sujet de l'inflation persistante (3,9%) au sein de la sous-région qui reste supérieure à la norme communautaire, alors que la croissance économique se situerait à 3,3% cette année, contre 2,3% en 2023. « Le Comité de politique monétaire de la BEAC a décidé de maintenir inchangés le taux d'intérêt des appels d'offres (5%) ; celui de facilité de prêt marginal à 6,75% et de facilité de dépôt à 0,00% ; ainsi que les coefficients des réserves obligatoires à 7% sur les exigibilités à vue et 4,5% sur les exigibilités à terme », a détaillé Yvon Sana Bangui.