Ile Maurice: Siddick Chady - héritage politique et controverses

Il souffrait depuis longtemps d'une maladie qu'il espérait soigner après sa sortie de prison. Siddick Chady, ancien ministre des Travaux et de l'Environnement sous deux mandats du Parti travailliste, a tiré sa révérence dimanche soir à la clinique Artémis à Curepipe.

Médecin de formation, il souhaitait redorer son image en intentant prochainement un procès civil au gouvernement et à Gilbert Philippe, exconseiller du port en 2013. Il a toujours clamé son innocence dans l'affaire Boskalis, mais il avait été condamné à 15 mois de prison en septembre 2021, alors que Prakash Maunthrooa, aussi accusé de corruption, s'en était sorti en appel. Il avait commencé à purger sa peine en juillet 2023 et recouvré la liberté après huit mois.

Nommé Best Loser après les élections législatives de 1991, il avait été élu à deux reprises, en 1995 et 2000, mais avait été battu aux élections générales de 2005. Les déboires de Siddick Chady commencent à la fin de sa carrière politique, quand il est nommé président du board de la Mauritius Ports Authority. En 2006, lorsqu'un contrat de dragage dans le port est offert à la compagnie Boskalis, il sera accusé de corruption dans cette affaire et jugé coupable en novembre 2019.

Il écope d'une peine d'emprisonnement de neuf mois. Mais le 29 septembre 2021, cette peine sera augmentée à 15 mois par la Cour suprême après l'appel du Directeur des poursuites publiques. Malgré sa demande d'appel de sa condamnation, il essuiera un revers de cette instance pour un recours spécial.

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«Un homme cassé mais courageux»

Son avocat, Me Saïd Toorbuth, évoque un homme qui s'est battu jusqu'à la fin. «Je garde de Siddick Chady l'image d'un homme courageux et un grand fonceur. Il était très serviable. Il essayait quand même de résoudre des problèmes à sa façon.» Lui rendant visite souvent à la prison pour lui remonter le moral, il se souvient de lui avoir parlé quelques jours avant son admission en clinique. Selon lui, Siddick Chady lui avait dit qu'il souffrait d'une maladie avant même son incarcération.

Dans le cadre de l'affaire Boskalis, il fut arrêté par le CCID, le 13 juin 2012. © Beekash Roopun

L'avocat ajoute que le défunt ne voulait pas se rendre en clinique pour une intervention de peur qu'il ne soit victime de commentaires désagréables du public selon lesquels il essayait de fuir ses responsabilités. «C'est cela qui l'a poussé à rester en prison. Mais une fois libre, il me disait qu'il irait voir son médecin. C'est ce qu'il a fait d'ailleurs.» Saïd Toorbuth fait ressortir que Siddick Chady était un «homme cassé mais courageux» malgré les épreuves qu'il a connues. Selon lui, une autre personne à sa place aurait «craqué» bien avant.

Exprimant ses condoléances à la famille de Siddick Chady et l'ayant côtoyé depuis plus de 25 ans, le directeur de l'information de Radio Plus, Nawaz Noorbux, qui l'avait même invité à une émission en mai, avance que la fin de l'ancien politicien l'a vraiment marqué.

«Lorsque je l'ai rencontré chez lui à Belle-Rose, j'ai vu une personne qui était moralement cassée. Quoique physiquement il paraissait bien mais moralement il était marqué», se remémore-t-il. Nawaz Noorbux avance se souvenir des propos de Siddick Chady qui disait se voir transporté «dans un cercueil vers le cimetière» lorsqu'il allait purger sa peine en prison. «C'était très fort. Je ne m'attendais pas à ce qu'il décède après un mois.»

Nawaz Noorbux confie avoir convaincu Siddick Chady de parler à la radio malgré sa réticence. Il se souvient toujours que ce dernier était accompagné de ses proches. «Leur langage corporel démontrait qu'ils ont vécu des moments très difficiles.» La vie de Siddick Chady, poursuit Nawaz Noorbux, est une leçon à retenir. Pour le directeur de l'information, les politiciens doivent faire preuve de beaucoup de prudence dans leurs «dealings».

Redorer son image

Dans la même émission, Siddick Chady avait soutenu vouloir refaire son image en logeant un cas en civil contre le gouvernement et Gilbert Philippe. «Normal mo pou klam mo inosans», avait-il affirmé car pour lui, son honneur devrait être lavé et il ne voulait pas être vu comme un «corrompu». Né en 1951 dans une famille propriétaire du cinéma ABC et d'autres activités commerciales, Siddick Chady a fait des études en médecine en Europe. Il a été inhumé dans la soirée de lundi au cimetière de Riche-Terre.

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