Dakar — Les professionnels du secteur du BTP, réunis au sein du Syndicat national des entreprises du bâtiment et des travaux publics (SNBTP), ont demandé mardi à l'Etat d'appliquer la préférence nationale dans l'exploitation des ressources nationales et l'exécution de la commande publique.
Le SNBTP tenait une assemblée générale pour exposer ses orientations et son plan d'action axés sur le partenariat entre l'Etat et le secteur privé, sur le thème "La préférence nationale en action".
"La souveraineté politique repose sur le socle de la souveraineté économique, qui ne saurait être sans un secteur privé national fort, et le développement du secteur du BTP reste fortement arrimé à la croissance globale de notre économie", a déclaré Abdel Kader Ndiaye, président du SNBTP.Le secteur du BTP occupe "une part importante" de l'économie nationale dont il fait partie des "locomotives" depuis plusieurs années, a indiqué M. Ndiaye.
L'Etat, avec l'aide de ses partenaires au développement, constitue le "plus gros client" des entreprises du BTP, à travers les agences et acheteurs publics qui absorbent "plus de 50%" de la commande publique.
"Mais il faut avouer que cette embellie ne profite pas aux entreprises sénégalaises et surtout pas aux petites et moyennes entreprises du secteur des BTP", a soutenu le président du Syndicat national des entreprises du bâtiment et des travaux publics. Les "conditions d'éligibilité" et le "système d'allotissement" de la commande publique, surtout en matière de grands travaux, constituent à ses yeux des freins au développement des entreprises sénégalaises du secteur.
"Ce sont les raisons qui expliquent l'affaissement de nos entreprises et les difficultés de développement du secteur privé, malgré l'affichage des taux de croissance moyen de 6,6% publiés sur la période 2014-2018 et des taux de croissance respectifs du PIB réel estimés à 5,1% en 2020 et 6,1 % en 2021", a estimé Abdel Kader Ndiaye.
Il a cependant souligné que le secteur du BTP se caractérise par de "nombreuses faiblesses", se traduisant par un cadre institutionnel "désorganisé", la prolifération d'organisations professionnelles, un déficit de financement de l'activité remarquable du fait des difficultés d'accès au crédit et sa cherté. Il a aussi évoqué les créances non recouvrées et les longs délais de paiement soulevés par les acteurs, dont Adama Lam, président de la Confédération nationale des entreprises du Sénégal (CNES).
"On ne peut pas s'engager à faire de grands travaux avec des taux aussi élevés et accuser des retards de paiement qui engagent la totalité des marges bénéficiaires que les entreprises font dans le BTP", a relevé M. Lam, jugeant les délais de paiement "trop longs". "Nous ne voulons plus être des sous-traitants, et il faut que les choses changent profondément. C'est aberrant à ce stade qu'on nous parle de techniciens étrangers alors que nous avons tout ce qu'il faut pour bâtir notre pays", a martelé le président de la CNES.
Adama Lam a insisté sur le fait que beaucoup d'entreprises étrangères sont accompagnées par leur Etat, "alors que nous [au Sénégal] avons du mal à trouver le soutien bancaire et financier nécessaire dans notre pays". "L'augmentation des parts des entreprises nationales dans les marchés publics est un enjeu actuel pour lequel il convient de rechercher les modalités les plus appropriés de mise en oeuvre", a de son côté indiqué la présidente du Haut Conseil du dialogue social.
Selon Innocence Ntap Ndiaye, cela requiert "une amélioration des textes", à l'issue de "concertations fructueuses" entres les différentes parties prenantes. Mme Ndiaye a par ailleurs fait observer que le partenariat public-privé constitue "une opportunité" pour promouvoir la préférence nationale et ainsi "impulser" la relance du secteur du bâtiment et des travaux publics.