Il s'agit de 400 policiers qui viennent d'arriver à Port-au-Prince. Leur mission est de rétablir la sécurité dans la capitale contrôlée par les gangs.
En dépit de vives critiques et de recours en justice, le déploiement des forces kényanes en Haïti est désormais effectif.
Quelques 400 officiers se sont envolés lundi (24.06.2024) pour Port-au-Prince où ils sont arrivés ce mardi.
En remettant le drapeau kényan à ces officiers, le président William Ruto les a mis face à leur responsabilité : "Cette mission est l'une des plus urgentes, des plus importantes et des plus historiques dans l'histoire de la solidarité mondiale. C'est une mission d'affirmation des valeurs universelles de la communauté des nations et une mission de prise de position pour l'humanité. On attend de vous que vous incarniez le plus haut niveau d'intégrité et de professionnalisme, en gardant toujours à l'esprit que vous êtes les représentants du pays chef de file de la mission et nos ambassadeurs de la stabilité et de la sécurité en tant que pays."
"C'est à nous de trouver des solutions"
Le déploiement de cette force internationale suscite beaucoup d'espoir à Port-au-Prince, une capitale à 80% aux mains des bandes criminelles.
"Eh bien, pour moi, ils ont pris trop de temps. Si je me souviens bien, cela fait quatre ans que nous souffrons et si les autorités de l'Etat avaient pu faire quelque chose, elles l'auraient fait. Si quelqu'un d'autre peut faire quelque chose pour nous aider... Nous sommes dans une prison. Nous ne pouvons aller nulle part, nous ne pouvons pas aller à la campagne. Nous sommes en prison à Port-au-Prince", explique Maxime Josaphat, électricien.
Quant à Nathalie Françoise, infirmière, elle aurait souhaité que la sécurité soit assurée par des forces haïtiennes.
"Ce ne sont pas les étrangers qui vont résoudre nos problèmes. C'est à nous de trouver des solutions, mais nous acceptons tout de même l'aide parce que nous ne pouvons aller nulle part, car de nombreuses régions du pays sont en proie à l'anarchie. Nous ne pouvons pas manger, les gens dorment dans les rues et les enfants ne peuvent pas aller à l'école. S'ils viennent nous aider, je dis oui", estime Nathalie Françoise.
Au total, le Kenya doit envoyer un millier d'hommes en Haïti. D'autres pays devraient également contribuer à cette force : il s'agit notamment du Bénin, du Tchad et du Bangladesh.
Human Rights Watch questionne le choix du Kenya
Quant à l'ONG Human Rights Watch, elle se montre inquiète s'agissant du "respect des droits humains", la police kényane étant souvent accusée d'utilisation excessive de la force et d'exécutions extra-judiciaires.
Depuis l'assassinat du président Jovenel Moïse, en juillet 2021, des gangs et des groupes criminels ont comblé le vide laissé par le pouvoir.
Plus de 2.000 personnes ont été tuées depuis début janvier en raison des violences liées aux gangs, selon l'Onu. L'année dernière, près de 4.500 ont été assassinées et plus de 1.600 blessées.