Nairobi — De nouvelles manifestations sont en cours ce matin, 25 juin, contre le projet de loi de finances présenté par le gouvernement kenyan qui prévoit l'introduction de nouvelles taxes.
A Nairobi, les forces de sécurité déployées pour protéger le Parlement et le palais présidentiel ont affronté les manifestants en tirant des grenades lacrymogènes. Des manifestations ont également lieu dans d'autres villes, telles que Mombasa et Kisumu.
Les autorités ont réitéré leur volonté de respecter le droit de manifester inscrit dans la Constitution, mais certaines organisations de défense des droits de l'homme les accusent d'avoir arrêté illégalement au moins une douzaine de manifestants, principalement actifs sur les médias sociaux, qui auraient été ramassés la nuit par la police et transférés dans des lieux inconnus.
Le projet de loi de finances vise à lever 2,7 milliards d'USD supplémentaires sous forme d'impôts pour faire face à la lourde dette du Kenya envers les créanciers internationaux, tels que le Fonds monétaire international ; les paiements d'intérêts absorbent à eux seuls 37 % des recettes annuelles de l'État.
Le gouvernement a déjà fait quelques concessions, promettant dans des amendements au projet de loi d'éliminer les nouvelles taxes proposées sur le pain, l'huile de cuisson, la possession d'une voiture et les transactions financières. Mais cela n'a pas suffi à satisfaire les manifestants, qui veulent l'abolition de l'ensemble du projet de loi.
La manifestation est menée en grande majorité par des jeunes. Mgr Maurice Muhatia Makumba, archevêque de Kisumu et président de la Conférence des évêques catholiques du Kenya (KCCB), s'est adressé à eux, les invitant à ne pas céder aux sirènes de la violence et à se méfier des provocations. "Ne vous laissez pas infiltrer par des personnes qui ont des arrière-pensées et veulent créer le chaos", a-t-il déclaré dans son homélie lors de la messe du dimanche 23 juin.
Mgr Muhatia a ensuite appelé le gouvernement à respecter l'article 37 de la Constitution, qui garantit le droit de manifester, et s'adressant au Président William Ruto, il l'a appelé à répondre aux demandes de la jeune génération.
Malgré le lourd endettement, l'économie kenyane montre des signes de reprise avec un taux de croissance de 5,6 % en 2023, tiré par le secteur agricole suite au retour de pluies abondantes après plusieurs années de sécheresse, et par le secteur des services. L'inflation a également diminué, atteignant 5,1 % en mai 2024.