Sénégal: Avortements clandestins - Une ONG insiste pour l'application du protocole de Maputo

Dakar — La directrice exécutive de l'ONG J-Gen, Maimouna Astou Yade, a invité mardi l'Etat du Sénégal à appliquer le protocole de Maputo relatif aux droits de la femme en Afrique, qui offre notamment la possibilité de recourir à un avortement médicalisé en cas de viol ou d'inceste.

L'avortement médicalisé devrait aussi être autorisé si la santé de la mère ou du foetus est menacé, en vue d'arriver à plus de justice sociale et d'équilibre au sein de la société, a indiqué Mme Yade.

"Le Sénégal a ratifié sans réserve le protocole de Maputo mais malheureusement nous constatons que l'Etat du Sénégal est très réticent à son application et son harmonisation. Les avortements clandestins constituent une violence, d'où l'importance d'harmoniser ces textes", a-t-elle déclaré.

Elle intervenait lors d'un forum national sur les droits des femmes et la justice reproductive au Sénégal, une rencontre axée sur le thème "Conséquences des avortements clandestins au Sénégal: prévention, prise en charge holistique et défis politico-juridiques".

Selon la directrice exécutive de l'ONG J-Gen, l'objectif de ce forum est de mobiliser autour de cette question les différentes catégories de la population mais aussi les partenaires.

Les femmes, les populations et les communautés sont invités, à travers ce forum, à écouter "pour en savoir beaucoup plus sur la démarche des acteurs de la nation qui sont réfractaires à cette possibilité que les femmes doivent avoir pour recourir à un avortement sûr et confidentiel et médicalisé si la femme est victime de viol".

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"Il s'agit de voir comment les communautés peuvent porter ce plaidoyer pour le respect des droits des femmes", a indiqué la présidente exécutive de J-Gen, en rappelant que le plaidoyer pour l'application du protocole de Maputo par l'Etat du Sénégal a débuté en 2013, ce qui justifie à ses yeux la tenue de ce forum.

"Nous nous sommes rendu compte que les avortements clandestins sont devenus une question réelle de santé publique. Et on ne peut pas observer de différenciation entre toutes les violences basées sur le genre et particulièrement les violences faites aux femmes", a-t-elle soutenu.

Mme Yade a fait observer que l'Etat du Sénégal, malgré des années de plaidoyer, reste toujours "très réticent" pour l'application du protocole de Maputo et son harmonisation avec le droit national.

Pour ce faire, l'Etat a la possibilité de "consulter toutes les forces vives de la nation. Il faudra déjà que la population soit d'accord pour qu'on puisse aller vers l'application de cette loi", a-t-elle indiqué.

Sur cette base, Maimouna Astou Yade estime que "les textes internationaux ont une supériorité sur les lois nationales", ce qui doit conduire à l'harmonisation des différents textes relatifs à cette problématique.

"Nous sommes à une étape où, nous voulons que l'Etat avance dans ce dossier. Pour nous, l'équilibre signifie l'équité, et l'équité pour nous signifie l'égalité, parce que s'il y a équité et égalité, il y a équilibre. Et cet équilibre émane de la justice sociale", a insisté la présidente exécutive de J-Gen.

Le choix d'une femme violée ou d'une fille victime d'inceste de ne pas porter une grossesse, relève du principe de l'équilibre, a laissé entendre Mme Yade. "Il s'agit d'une question d'équilibre et de justice sociale", a insisté la militante des droits des femmes.

"Nous devons mobiliser toutes les communautés afin d'amener l'Etat du Sénégal à sérieusement revoir cette question et à appliquer le protocole de Maputo", a insisté Mme Yade.

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