Bilan Media a reçu la semaine dernière le prix de la liberté de la presse de One World Media, une ONG britannique qui soutient les médias indépendants dans les pays du sud. Composée de six femmes âgées de moins de trente ans, la rédaction de Bilan Media donne la priorité aux sujets de société dans un pays à la fois très conservateur et dangereux pour les journalistes.
« Bilan » signifie « Lumière » en somali. Lancé il y a deux ans avec le soutien du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), ce média unique en son genre ose s'attaquer à des sujets tabous comme l'addiction à la drogue, les violences familiales ou encore l'exclusion des personnes séropositives.
À travers des contenus diffusés à la télévision, à la radio et sur internet - via des médias partenaires - les six journalistes ont réussi à imposer de nouveaux thèmes dans le débat public. Et ce, malgré les menaces qui pèsent sur les journalistes dans leur pays, le plus dangereux en Afrique pour les journalistes, selon Reporters sans frontières (RSF).
Peu avant le lancement du média, une journaliste de la rédaction avait survécu à un attentat perpétré par les shebabs, qui ne supportaient pas qu'elle exerce ce métier.
Le jury de One World Media a récompensé Bilan Media pour son travail en faveur de la liberté de la presse en Somalie et son impact à l'international. La rédaction produit en effet des contenus pour de grands médias européens comme The Guardian et la BBC au Royaume-Uni.
Bilan donne aux femmes la possibilité de traiter les sujets de leur choix. Ce qui en fait un symbole par rapport aux autres médias locaux [...] Mais le fait d'être le seul média féminin en Somalie pose aussi des problèmes : en tant qu'équipe, nous devons toujours expliquer ce que nous faisons parce qu'en Somalie, les gens ne prennent pas les femmes au sérieux.