Niamey a procédé au retrait du permis d'exploitation minière du gisement d'Imouren, l'un des plus grands gisements d'uranium au monde, après le rejet du nouveau plan de développement proposé par le gouvernement de transition.
Le plan annoncé par Orano ne répondait pas aux attentes des autorités, selon ces dernières. Imouraren héberge environ 200 000 tonnes de réserves. La décision s'inscrit dans un contexte d'accélération des projets d'uranium partout à travers le monde, en raison de la hausse des prix et de la demande, grâce au regain d'intérêt des décideurs mondiaux pour l'énergie nucléaire.
Cette révocation confirmerait d'autres informations avancées début juin concernant des négociations en cours pour réattribuer des actifs d'uranium détenus par Orano à la société nucléaire russe Rosatom. Depuis l'arrivée au pouvoir des militaires en juillet 2023, ces derniers ont rompu les liens avec la France, pour s'allier à la Russie. Un départ de la présence d'Orano au Niger s'inscrirait dans cette stratégie de réduction de l'influence de Paris dans le pays, après le départ de l'ambassadeur français et des troupes françaises en 2023.
Orano exploitait Somaïr, la seule mine en activité du pays, permettant au Niger d'assurer 4,7 % de la production mondiale d'uranium en 2022 (World Nuclear Association). Grâce à cette mine, Orano contribue à environ 15 % des besoins français en uranium. Le Niger était le deuxième fournisseur d'uranium du naturel de l'Union européenne, avec une part de 25,38%.
Entre 2005 et 2020, il a été le troisième fournisseur d'uranium naturel à la France, pour 19% de ses approvisionnements, derrière le Kazakhstan et l'Australie et devant l'Ouzbékistan, selon des données d'Euratom. « Les centrales nucléaires françaises » sont approvisionnées par Orano et par un ensemble de fournisseurs d'uranium. En outre, la France a depuis les années 2000 engagé une diversification forte de ses approvisionnements par pays, se tournant vers des États d'Asie centrale comme le Kazakhstan et l'Ouzbékistan, ou d'autres grands producteurs comme l'Australie, a-t-il ajouté.
La France a, d'ailleurs, signé à l'automne 2023 avec ce pays et le Canada, autre grande puissance de l'uranium, deux accords bilatéraux pour "sécuriser" ses approvisionnements en métaux critiques.
Les tensions au Niger joueront "probablement sur le marché de l'uranium à court terme, parce que ça fait une source d'uranium en moins, mais ça ne devrait pas jouer sur le prix de l'électricité ", a estimé Maxence Cordiez, expert associé à l'Institut Montaigne. "L'approvisionnement en uranium naturel seul représente de l'ordre de 5% du coût de production" de l'électricité nucléaire, "soit un faible pourcentage", souligne la Société française de l'énergie nucléaire.