Dans une interview exclusive accordée aux Dépêches de Brazzaville, l'ambassadeur du Congo en Chine, Jacques Jean Luc Nyanga, donne son point de vue sur l'importance du prochain Forum sur la coopération Chine-Afrique (Focac), sa plus-value et son impact dans les relations d'amitié et de coopération avec le Congo et l'Afrique en particulier.
Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B.) : Monsieur l'ambassadeur, depuis votre installation à ce poste, quel bilan dressez-vous des relations entre le Congo et la Chine ?
Jacques Jean Luc Nyanga (J.J.L.N.) : Je veux rappeler que mon installation n'a pas été facile en raison de la pandémie du covid 19 dont les effets ont été durement ressentis, ici en Chine. Depuis deux ans, les activités ont repris avec des échanges de haut niveau. À l'invitation du président chinois Xi Jinping, le président de la République du Congo, Denis Sassou N'Guesso, a pris part au troisième Forum sur la Ceinture et la route qui s'est tenu en octobre 2023, à Beijing.
Nous avons aussi enregistré des visites de travail des membres du gouvernement, des échanges humains avec la participation des fonctionnaires congolais aux séminaires de formation organisés en Chine. De nombreux étudiants congolais ont bénéficié de bourses de formation en Chine. Par ailleurs, des responsables et opérateurs économiques chinois ont aussi fait le déplacement de Brazzaville. Nous nous félicitons de la reprise des activités bilatérales qui ont permis de relancer la coopération entre nos deux pays.
Entretenant de liens d'amitié depuis fort longtemps, la coopération entre le Congo et la Chine a fait des progrès remarquables réalisés dans le cadre du partenariat stratégique global. Les grands rendez-vous à venir pourront, je l'espère, donner un souffle nouveau à cette coopération après une période d'hibernation.
L.D.B. : Le Congo va Co- présider en septembre prochain, à Beijing, le Focac. Comment appréciez-vous cet événement et quelle partition jouer a-t-il à cette activité de grande envergure ?
J.J.L.N. : Il convient de signaler que la candidature du Congo à la coprésidence du Focac a fait l'objet d'un consensus entre les pays africains. Pendant trois ans, les présidents chinois et congolais vont co-présider aux destinées de cette organisation de coopération multilatérale. Plateforme d'échange importante pour la solidarité et la coopération entre la Chine et l'Afrique et mécanisme efficace pour la coopération Sud-Sud, le Forum sera placé sur le thème « Travailler ensemble à promouvoir la modernisation et à construire une communauté d'avenir partagé Chine-Afrique de haut niveau ». Il mettra en valeur la mission historique et l'engagement commun de la Chine et de l'Afrique dans l'exploration de la voie de la modernisation, qui permettra d'insuffler une dynamique durable à la modernisation des pays africains et donner un sens à l'idée du président Xi Jinping de construction d'une communauté d'avenir partagé pour l'humanité.
L.D.B. : Pensez-vous que la tenue de ce forum est une plus-value pour le Congo et les pays africains ?
J.J.L.N. : Le sommet examinera et adoptera une déclaration et un plan d'action. La déclaration réaffirmera et fera valoir le principe de sincérité, de résultats effectifs, d'amitié et de bonne foi, la vision de la recherche du plus grand bien et des intérêts partagés ainsi que l'esprit d'amitié et de coopération Chine-Afrique.
Lors de cette rencontre, un accent sera mis sur le consensus entre la Chine et l'Afrique sur les sujets importants, notamment leur engagement commun à promouvoir la modernisation et la construction d'une communauté d'avenir partagé de haut niveau. Il s'agira également de faire entendre la voix du Sud global dans lequel la Chine et l'Afrique jouent un rôle important.
En effet, le plan d'action sera axé sur la coopération Chine-Afrique dans le cadre de l'Initiative « la Ceinture et la route » et la mise en œuvre de l'Initiative pour le développement mondial ; pour la sécurité mondiale et enfin celle pour la civilisation mondiale. Il veillera à renforcer l'articulation avec l'Agenda 2063 de l'Union africaine et les autres visions africaines de développement.
Ce plan vise, entre autres, à répondre activement aux besoins de développement des pays africains, notamment en matière d'industrialisation, de connectivité, de transition énergétique, de renforcement des capacités, de lutte contre le changement climatique, de paix et de sécurité, ainsi que de cybersécurité. Aussi, de proposer de nouvelles pistes pour orienter la coopération mutuellement bénéfique, et rehausser sa qualité et planifier cette coopération dans tous les domaines pour les trois ans à venir.
L.D.B. : Cette année, le Congo et la Chine ont célébré le soixantième anniversaire de leurs relations diplomatiques. Quels sont les grands axes qui retiennent votre attention ? Et que représente cet âge pour les deux pays ?
J.J.L.N. : La Chine et le Congo sont de vieux et bons amis. Les deux chefs d'Etat ont, lors de leur dernière rencontre à Beijing, décidé de célébrer avec faste le soixantième anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre les deux pays. Des activités commémoratives ont été organisées à cet effet. La tenue du sommet du Forum sur la coopération sino-africaine, les 4 et 5 septembre à Beijing, sera l'occasion de poser de nouveaux jalons pour consolider des relations d'amitié de coopération sino-congolaise. S'agissant des grands axes de coopération, je vous informe que la Commission mixte entre les deux pays qui se tiendra les 26 et 27 juin 2024 va définir les grands chantiers à venir.
L.D.B. : Pour finir, quelles sont, selon-vous, les perspectives de développement de la coopération entre la Chine et le Congo ?
J.J.L.N. : De nombreux atouts se présentent aux deux pays, et le Congo dispose d'énormes potentialités. Il nous revient de faire montre de sérieux et de volontarisme. N'oublions pas qu'entre Etats, ce qui prévaut, ce sont les intérêts. A nous de travailler pour espérer atteindre l'émergence à l'instar de la Chine.