Dakar — La décision des meuniers de reprendre la production de farine est le sujet le plus évoqué dans la livraison de mercredi de la presse quotidienne. L'Association des meuniers et industriels du Sénégal (AMIS) avait annoncé avoir décidé un arrêt de la production de farine pour marquer son désaccord sur la baisse du prix du pain, une décision prise récemment par le gouvernement.
Les meuniers avaient notamment fait valoir que cet "arrêt périodique et collectif de production" devrait leur permettre de réduire les pertes subies quotidiennement par la baisse des prix. Ils estimaient que le fait d'appliquer la baisse des prix du pain reviendrait à contrevenir à la loi interdisant la vente à perte.
Sud Quotidien constate que les meuniers ont finalement "rapidement mis fin à leur bras de fer avec les autorités", à la suite d'une mise en demeure de ces dernières, sans compter que des missions d'inspection devaient être envoyées par le gouvernement dans les minoteries pour évaluer les stocks en circulation et s'enquérir d'éventuelles "pratiques commerciales douteuses".
"Moins de douze heures après la mise en demeure du gouvernement, l'Association des meuniers industriels du Sénégal enterre la hache de guerre. Du coup, le prix de la baguette de pain à 150 francs CFA est validé", se satisfait Sud Quotidien.
"Les meuniers mettent de l'eau dans leur farine", fait observer le journal Yoor-Yoor, qui parle de rétropédalage.
Le Mandat constate que les meuniers "abdiquent", après une médiation du Conseil national du patronat et du Syndicat professionnel des industries du Sénégal.
"Les meuniers capitulent"
Par conséquent, l'AMIS a "invité les entreprises concernées à reprendre leurs activités de production", rapporte le quotidien Yoor-Yoor.
"Les meuniers suspendent leur suspension", relève Bés Bi Le Jour dans une formule pleine d'ironie pour mieux mettre en exergue une situation quelque peu cocasse.
"Un pas en avant, deux pas en arrière", titre Source A pour suggérer une image de la situation dans laquelle se trouvent désormais les meuniers après leur décision de reprendre la production de farine.
Certains titres sont surtout sans pitié et utilisent des mots forts. "Les meuniers capitulent" et décident de reprendre la production de farine "à la suite de la mise en demeure du gouvernement [les] sommant de ne pas paralyser la distribution de la farine", écrit L'info.
Libération parle d'abdication, EnQuête estimant qu'il s'agit d'une "reculade".
"Les meuniers cèdent face à la pression de l'État", titre le quotidien L'As, un peu comme WalfQuotidien, lequel note que "les meuniers cèdent au diktat de l'État".
Cette publication ajoute que les patrons des minoteries "ne décolèrent pas".
"Ils sont dans tous leurs états après les menaces du gouvernement qui les accuse de 'pratiques commerciales douteuses"'. Sauf qu'ils ont malgré tout mis fin à leur grève, observe Le Quotidien. "Du pain béni", lit-on sur la une du même journal.
Vox Populi, revenant sur ce qu'il considère comme un rétropédalage "à toute vitesse", rapporte que le Syndicat professionnel des industries du Sénégal "invite officiellement les représentants de l'État à participer à une série de discussions avec [l'Association des meuniers industriels du Sénégal]" en vue d'une "collaboration étroite" devant permettre de "surmonter les défis actuels".
Divers autres sujets font le menu des quotidiens. Le Soleil, parmi d'autres, s'intéresse à la visite du chef de l'État sur la plateforme pétrolière de Sangomar. Bassirou Diomaye Faye en est revenu "fier du savoir-faire sénégalais", note le journal.
Des directives du Premier ministre pour "dégager des marges budgétaires"
Libération aborde également ce sujet en relayant des propos du président de la République : "Je réitère mon engagement et celui du gouvernement pour une gestion transparente et équitable de nos ressources naturelles, au bénéfice du peuple sénégalais."
"Bassirou Diomaye Faye visite Sangomar et renouvelle son serment de transparence", signale Rewmi Quotidien, le quotidien 24 Heures soulignant que le président Faye a salué "l'abnégation et le mérite de tous ceux qui ont cru à la présence [de ce pétrole au fond de nos océans et fait la promotion du bassin sédimentaire du Sénégal".
Tribune note qu'avec le début de l'exploitation du pétrole et du gaz, il y a "nécessité de réduire les prix de l'électricité et du carburant".
Le même journal évoque aussi les attentes relatives à "une gestion transparente et équitable [des ressources du secteur] au bénéfice du peuple sénégalais".
EnQuête annonce que le Premier ministre, Ousmane Sonko, "a donné des directives pour dégager des marges budgétaires et financer les axes du [programme de développement]" que les nouvelles autorités comptent mettre en œuvre.
Dans ce cadre, précise le même journal, les marchés et contrats ne correspondant "pas aux priorités du régime doivent être annulés, différés ou redimensionnés".
Sur un tout autre sujet, le rapport du département d'État américain sur la traite des personnes et le trafic humain au Sénégal fait la une de certains quotidiens comme Vox Populi.
Selon ce journal, le gouvernement américain accuse "les 'daara', les maîtres coraniques et les réseaux d'État", tout en recommandant aux autorités de "'redoubler leurs efforts pour enquêter et poursuivre au pénal les crimes de traite, de mendicité forcée d'enfants et des sanctions adéquates pour les trafiquants reconnus coupables"'.
"Le département d'État 'épingle' les enseignants, les touristes, les Nigérians." résume à sa manière le quotidien Les Échos, selon lequel le rapport américain dénonce la situation des enfants domestiques et ceux utilisés dans l'exploitation de l'or.