Les acteurs du bâtiment et des travaux publics appellent les nouvelles autorités à oeuvrer pour la préférence nationale dans le cadre de l'exécution de la commande publique. Abdel Kader Ndiaye et Adama Lame mettaient ce voeu, mardi 25 juin, en marge de l'assemblée générale du syndicat national des entreprises du bâtiment et des travaux publics (SNBTP). Organisée sous le thème : partenariat public-privé, la préférence nationale en action, cette rencontre était l'occasion pour le secteur du BTP d'exposer les orientations et le plan d'action sur le thème du partenariat entre l'Etat et le secteur privé.
« Le BTP occupe une part importante dans l'économie nationale. Ainsi, depuis plusieurs années, il fait partie des locomotives de l'économie sénégalaise et son développement reste fortement arrimé à la croissance globale de notre économie », a déclaré mardi Abdel Kader Ndiaye, président du syndicat national des entreprises du bâtiment et des travaux publics (SNBTP).
A en croire le président du SNBTP, « L'Etat avec l'aide de ses partenaires au développement, constitue son plus gros client à travers ses grands donneurs d'ordre (agences) et acheteurs publiques qui absorbent plus de 50% de la commande publique. » Par contre, « Il faut avouer que cette embellie ne profite pas aux entreprises sénégalaises, et surtout à la pme / BTP », a affirmé pour le regretter M. Ndiaye.
Selon le président du SNBTP, « Les freins au développement des entreprises sénégalaises du secteur, et surtout de la pme restent liés aux conditions d'éligibilité et au système d'allotissement de la commande publique, surtout en matière de grands travaux. »
Et de poursuivre « Ce sont les raisons qui expliquent l'affaissement de nos entreprises et les difficultés de développement du secteur privé malgré l'affichage des taux de croissance moyenne de 6,6% publiés sur la période 2014-2018 et des taux de croissance respectifs du PIB réel estimés à 5,1% en 2020 et 6,1 % en 2021 », mentionne-t-il.
Dans ce sillage, Adama Lam, président de la Confédération nationale des entreprises du Sénégal (CNES) a expliqué que « Quand on prend le nombre de marchés en termes quantitatif, on vous dira que les Sénégalais ont 70% en nombre mais par contre ce qu'on voit, c'est que nous avons pratiquement 30% de la valeur de ce qui est offert. »
De l'avis du président du CNES, « Cela pose un problème parce que nous ne rendons pas compte, mais cette façon de faire est une faiblesse fondamentale parce que nous exportons des emplois. Les valeurs ajoutées qui devaient rester dans le pays la plupart sortent effectivement du pays. Donc, il n'y a pas un effet de réinvestissements dans le pays, c'est ce qui fait que les hommes politiques ne comprennent pas que nous avons beaucoup de travaux mais nous n'avons pas une retombée économique à la hauteur des attentes. »
Par ailleurs, il appelle à combattre la sous-traitance afin que l'entreprise sénégalaise soit le pivot. « La sous-traitance, c'est ce qu'il faut essayer de combattre. Nous voulons au niveau de tous les secteurs d'activités que le sénégalais soit le pivot. On ne peut plus accepter que des entreprises étrangères viennent prendre chez nous les ressources qui appartiennent aux sénégalais et que ces ressources sortent du pays alors que nous avons en face de nous des compétences, des moyens techniques, des financiers pour le faire. Cela c'est de l'intérêt de l'Etat, c'est de l'intérêt des entreprises. »
« L'augmentation des parts des entreprises nationales dans les marchés publics est un enjeu actuel pour lequel il convient de rechercher les modalités les plus appropriées de mise en oeuvre », a préconisé pour sa part Innocence Ntap Ndiaye, présidente du Haut Conseil du Dialogue Sociale (HCDS), qui estime qu' « Elle requerra éventuellement une amélioration des textes pouvant y concourir à l'issue de concertations fructueuses entre les différentes parties prenantes. »