Congo-Brazzaville: Lutte contre la torture - Le CAD publie les résultats de l'enquête menée cette année

Dans le cadre de la célébration de la Journée internationale pour le soutien aux victimes de la torture, le directeur exécutif du Centre d'actions pour le développement(CAD), Trésor Nzila, a animé une conférence de presse au cours de laquelle il a expliqué le contenu de l'enquête réalisée durant les six derniers mois au Congo. Par la même occasion, il a donné la parole à une victime des actes de torture.

Trésor Nzila a indiqué que 1039 violations des droits humains ont été enregistrés au cours des six premiers mois de 2024, uniquement dans quelques localités où cette structure est présente. Il pense que ce chiffre n'est que la partie visible de l'iceberg car le CAD n'a pu réaliser des enquêtes que dans les départements de Brazzaville, de Pointe-Noire, du Niari et de la Sangha.

« Plus d'une centaine de cas de traitement inhumain et dégradant par les agents de forces de l'ordre ont été perpétrés au cours de cette année. Cela prouve que le phénomène ne recule pas. Contrairement au premier semestre 2023 où nous avons recensé deux cas de décès, cette année, nous sommes déjà à cinq cas de décès suite à la torture », a expliqué Trésor Nzila.

Le directeur exécutif du CAD a souligné lors de la rencontre avec les chevaliers de la plume et du micro que depuis la création du CAD en 2021, cette structure milite pour la promotion des droits de l'homme et la défense des victimes de la torture.

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Il a invité l'une des victimes, Roberto Lissassi, afin de témoigner ce qu'il a vécu. Le président exécutif du CAD a rappelé qu'il y a beaucoup de Congolais qui vivent des moments difficiles suite aux tortures qu'ils ont subies. Il a été, en effet, invité au téléphone par le commandant de la brigade spéciale d'intervention rapide (BSIR) ainsi que son adjoint (actuel commandant du groupement de répression de banditisme) suite à une affaire de fausse accusation, selon lui.

Il a expliqué chronologiquement les supplices physiques qu'il a subis au sein du BSIR. Citant nommément les personnes qui l'ont « bastonné et abandonné » ainsi que les dates de son arrestation et des tortures. Roberto déplore la perte définitive de certains de ses organes dont son oeil gauche et les blessures.

Il a, par ailleurs, détaillé les démarches menées auprès des autorités de la police, notamment à l'inspection et au commandement des forces de police mais sans suite. « Le commandant de la BSIR m'avait dit qu'au Congo il n'y a pas de justice et je peux faire tout ce que je veux, je n'aurai pas gain de cause. Actuellement, c'est ce que je constate puisque j'ai porté plainte mais jusqu'à présent mon dossier n'avance pas au niveau du parquet. J'ai rencontré toutes les autorités de la police mais personne ne m'a répondu positivement. Je meurs à petit feu, je suis Congolais, ma vie est en danger. Je veux une réparation », a expliqué Roberto Lissassi.

Après cette conférence de presse, le CAD a déposé une lettre ouverte au Premier ministre à propos de son enquête sur la persistance de la torture.

A en croire Trésor Nzila, le CAD soutient les victimes de l'injustice, de la torture et participe à l'accompagnement des enfants des personnes qui sont décédées suite aux actes de torture. Il a déploré l'inertie de la justice lorsqu'il s'agit des démunis et son activation lorsque les dignitaires sont victimes.

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