Au Kenya, le projet de loi des finances 2024-2025 divise une bonne partie de la population et le gouvernement qui veut dégager des ressources pour financer les programmes de développement et réduire la dette publique.
Le mouvement de contestation qui s'est déclenché depuis plusieurs semaines a atteint son paroxysme, le mardi 25 juin 2024 à Nairobi, avec l'intrusion de manifestants au Parlement, pour faire obstruction au vote du projet de loi contesté. Jamais une telle situation ne s'était produite dans ce pays d'Afrique de l'Est, depuis son accession à l'indépendance en 1963.
Si, les protestataires n'ont pas réussi leur coup, le projet de loi ayant été adopté malgré leur opposition, ils ont vécu une journée noire, qui restera à jamais gravée dans leurs mémoires. La répression policière, à en croire certaines organisations de défense des droits de l'Homme, a fait au moins 23 morts et 300 blessés.
Au vu de l'incident au Parlement, le chef de l'Etat, William Ruto, qui s'était montré ouvert au dialogue, a accusé le coup, s'engageant à réprimer fermement la violence et l'anarchie. Si, le projet de loi provoque la colère de la rue, c'est parce qu'elle prévoit d'augmenter de nouvelles taxes ou redevances, sur certains produits de base (pain, huile, sucre...), des produits manufacturés (serviettes hygiéniques et les couches) et la circulation des véhicules à moteur.
Face à la pression, l'exécutif kenyan s'était résolu à abandonner certaines taxes, mais ce n'était pas assez au goût des manifestants qui voulaient la suppression pure et simple de la loi des finances. Pour le Prédisent Ruto, ce texte, soutenu par le Fonds monétaire international (FMI), est un mal nécessaire, son combat étant de sortir le pays de la situation de dette colossale dans lequel, il se trouve.
Le Kenya, faut-il le rappeler, affiche des indicateurs financiers inquiétants, avec une dette publique qui tourne autour de 70% du Produit intérieur brut (PIB). Ce n'est pas la première fois, que des Kenyans sont vent debout contre un projet de loi des finances proposé sous l'ère Ruto, au pouvoir depuis deux ans.
L'année dernière, le même cas de figure s'était présenté et les protestataires avaient saisi les tribunaux, qui avaient bloqué certaines réformes fiscales. Même s'il est en droit d'assainir et de renforcer les finances publiques, l'homme fort du Kenya doit se rendre à l'évidence, que sa politique économique passe mal dans l'opinion.
Ses compatriotes ne s'accommodent pas des hausses d'impôts qui, à leurs yeux renchérissent davantage le coût de la vie. Pis, elle semble totalement en contradiction avec la promesse de campagne, qu'il avait faite de défendre les plus modestes. N'arrivant pas à dompter les problèmes existentiels, nombre de Kenyans ont du mal à comprendre la trajectoire empruntée par le chef de l'Etat.
Plongé dans un tumulte, le Président Ruto voit sa côte de popularité prendre un coup auprès des populations qui voyaient en lui un espoir à son élection en 2022. Autant dire, que le chef de l'Etat kenyan a entrainé son pays dans des moments d'incertitude. Malgré l'évènement malheureux du mardi, les manifestants se disent déterminés à descendre à nouveau dans la rue les jours à venir. Jusqu'où iront-ils ?