Congo-Brazzaville: France - Passi livre un concert à l'AFD

Dans la continuité de la Fête de la musique et des rencontres "Café musique Kult4D", Passi a donné un concert dans les locaux de l' Agence française de développement (AFD) à Paris. L'occasion de revenir sur son parcours.

En prélude à son concert à l'AFD, l'artiste Passi que l'on ne présente plus s'est prêté, le 25 juin, au jeu des questions-réponses devant un public averti au sein de cet établissement public qui oeuvre à appliquer la politique de la France en matière de développement et de solidarité internationale.

Cordonné par Ben-Hur Kabengele, responsable pays Djibouti du département Afrique de l'AFD, ce moment convivial a été l'occasion de revenir sur sa jeunesse de jeune Africain en France, ses engagements, mais aussi sa vision de l'époque actuelle et de l'Afrique.

Né en 1972 à Brazzaville dans une fratrie de sept enfants, de père cadre hospitalier et d'une mère enseignante, Passi a vécu une grande partie de son enfance à Sarcelles en région parisienne. Un parcours qui lui a fait côtoyer deux France, celle des banlieues et des régions. Une enfance où il aurait pu basculer dans la délinquance, mais rattrapé par une formation dans une école agricole dont il sortira diplômé nourri des valeurs du terroir de la France profonde. Entre exigences des parents et ses propres envies d'art, il deviendra rappeur-chanteur-compositeur-producteur.

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Répondant aux questions de l'assistance, Passi est revenu sur sa trajectoire musicale, son processus de création, ses inspirations, son premier album qu'il qualifie de décapant, provoquant. C'est l'aventure de Ministère Amer aux paroles choc. « J'avais l'insouciance de la jeunesse », dit-il tout en assurant, à raison, que le rap est une forme de journalisme... Mais aussi avec le regret que « ces informations que l'on remonte mais ne soient pas assez analysées ». Une musique très sous-estimée selon l'artiste « alors qu'elle est la plus "streamée" dans le monde ! ».

Passi artiste engagé

Évoquant son engagement, ses actions et ses prises de position en faveur des causes sociales et politiques, de sa voix rauque teintée d'un rire communicatif, Passi est revenu sur ses expériences en tant qu'artiste engagé, y compris ses initiatives pour l'éducation et le développement en Afrique et en France. L'histoire étant un éternel recommencement, trente ans plus tard, c'est à cette jeunesse française très mixée aujourd'hui (un tiers des Français a un lien avec l'immigration sur trois générations) qu'il s'adresse, celle des quartiers notamment qu'il encourage à prendre le chemin des urnes, dont il comprend les aspirations.

En trente ans, dans les banlieues françaises, les problèmes ne sont pas résolus. « Il n'y a pas assez d'amour pour ces jeunes. Il faudrait montrer plus d'intérêt pour eux », estime-t-il. Être aussi plus exigeant à l'école (parole de fils de professeure) tout en les incitant à pratiquer du théâtre, plus de sport et de musique. Une parole qui résonne dans un contexte politique français très tendu à l'approche des élections législatives françaises les 30 juin et 7 juillet où la question des migrations est devenue l'un des sujets les plus clivants.

Peu enclin à passer un message politique, Passi regrette que les diasporas ne soient pas assez écoutées. Un sujet qui le ramène directement au Congo, dont il parle avec respect, où il revient régulièrement, poursuivant son engagement dans de nombreuses causes. Ce Congo qui « fait partie de la francophonie, pays à la double culture. » Et ce besoin viscéral qu'il a toujours eu de se raccrocher à ses origines. Un pays dont l'artiste est fier. « Où la musique, la danse, font partie de la vie, des plus jeunes aux plus âgés, en dépit des difficultés».

Sa réflexion va plus loin et le porte au-delà de ses frontières natales. Dans ce monde qui change, l'entente entre les pays africains est nécessaire si l'Afrique veut exister sur la scène internationale estime l'artiste. Un message parmi tant d'autres de la part d'un panafricain convaincu qui se revendique d'un métissage culturel.

Et puisqu'il était dans l'enceinte de l'AFD, Passi a reconnu la pertinence de l'aide publique au développement et salué le rôle de cette institution dans la promotion du développement durable et de la coopération internationale. Au rythme de Face à la mer, Biso na biso, Je zappe et je mate, et tant d'autres, un concert bien mené a clos cette causerie-débat.

Bio Express

À l'instar de NTM, IAM ou MC Solaar, le Franco-Congolais est considéré par la presse spécialisée comme l'un des pères fondateurs du rap français.

Au début des années 1990 fonde Ministère A.M.E.R. au côté de Stomy Bugsy avec lequel il a collaboré de 1989 à 1994. Ensemble, en compagnie de Kenzy Bouboule et DJ Ghetch, ils créent le label Secteur Ä. C'est également ensemble qu'ils ont produit et géré des groupes tels que les Nèg Marrons, Ärsenik ou des artistes comme Doc Gynéco.

Par la suite, Passi se lancera dans une carrière solo publiant son premier album, Les Tentations, en 1997. En 1998, il créé son label Issap productions avec lequel il produit des artistes et réalise le fameux Dis L'Heure 2 Zouk ou le Bisso Na Bisso. Suivront plusieurs autres albums solo.

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