En RDC, la torture est régulièrement utilisée par les forces de l'ordre, mais aussi par les groupes armés, pour intimider la population ou obtenir des aveux.
Ce 26 juin marque la Journée internationale pour le soutien aux victimes de la torture. La torture désigne tout acte par lequel une douleur ou des souffrances aiguës, physiques ou mentales sont intentionnellement administrées à une personne pour notamment d'obtenir des renseignements ou des aveux.
Dans l'est de la République démocratique du Congo, la torture est une réalité préoccupante. Les civils en sont souvent les victimes, violentés par des militaires ou des membres des services de renseignement. Mais aussi les militaires congolais, lorsque ceux-ci sont capturés par des groupes armés.
"Je n'oublierai jamais"
Parmi les victimes de ces tortures, ce jeune homme qui a préféré garder l'anonymat, a accepté de livrer son témoignage. "C'était dans une affaire familiale, j'ai été interpellé par la police qui est venue me prendre et j'ai été amené au poste de police, explique-t-il. Là, j'ai été torturé, j'ai reçu des coups de poings, ils m'ont attaché la tête en bas pendant plus de dix minutes. C'était terrible. C'est une torture que je n'oublierai jamais. Après, chaque matin, un agent de la police venait, il nous torturait même avec des paroles. Si tu n'arrives pas à répondre ce qu'il veut que tu répondes, alors il arrive qu'il te touche corporellement. S'ils apprennent que tu les as dénoncés, ils peuvent te faire du mal. Il faut être prudent."
La pratique de la torture a des répercussions graves et durables sur les victimes, tant sur le plan physique que mental. Des organisations locales s'efforcent de documenter les cas de torture, de les dénoncer et de travailler à l'interdiction de telles pratiques.
Indimidations
Le Centre de recherche sur l'environnement, la démocratie et les droits de l'Homme, le Creddho, sous la coordination de Corneille Simakuba, joue un rôle crucial dans ce travail.
"Dans notre zone ici, pour la ville de Goma, nous avons beaucoup de cas de tortures commis par les agents de l'Etat, plus précisément par la police et les militaires, surtout le bureau D, le bureau des renseignements militaires, affirme Corneille Simakuba. Quand on arrête quelqu'un là-bas, que tu sois militaire ou civil, la première chose est de le torturer pour extirper des aveux, alors que ce n'est pas autorisé par la loi. L'objectif de la torture, c'est de faire peur pour que tu ne puisses plus agir. Imaginez-vous, si je publie un rapport sur la violation des droits de l'Homme, je suis arrêté par le bureau D, et on me torture. Les gens qui ont été torturés, en principe, s'abstiennent ensuite de dénoncer du fait qu'ils ont peur."
Le Creddho recueille des informations détaillées sur les cas de torture, enregistrant les témoignages de victimes et de témoins. Il réalise aussi un travail précis de documentation concernant les conditions et les méthodes de torture utilisées.