En Mauritanie, dernier jour de mobilisation avant la présidentielle du 29 juin. En tout, sept candidats sont en lice avec en ligne de mire, soit une possible seconde alternance démocratique depuis l'indépendance du pays, ou la réélection du président sortant Mohamed Ould Ghazouani.
Ce 26 juin, dans les rues de Nouakchott, plusieurs partis tentaient encore de convaincre les derniers indécis, à l'instar de la formation islamiste Tawassoul, deuxième force politique au Parlement. Elle lançait sa dernière opération de porte-à-porte dans le quartier populaire de sebkha. Illustration dans un marché du 5e arrondissement de la capitale.
Une casquette blanche avec le portrait de son candidat vissé sur la tenue traditionnelle (Melhfa) bleue et rose qu'elle porte, Hadia, 19 ans, tente de convaincre un vendeur de matelas d'aller voter. « Non, non, il dit qu'il ne veut pas voter », déplore-t-elle.
Peine perdue, donc. Mais pour Hadia, qui votera pour la première fois cette année, sensibiliser à cet acte citoyen est une évidence. « Si tu es citoyen, c'est important que tu votes, insiste-t-elle. C'est normal, c'est logique, c'est ton droit. Et je veux que mon pays se développe ».
Une petite commerçante, un seau sur la tête rempli de vêtements, elle, ira voter, par contre. « Je veux du changement, que la Mauritanie soit un pays où il fait bon vivre, où les gens mangent à leur faim, et que les communautés vivent en paix », lance-t-elle.
« Beaucoup d'inscrits sont indécis parce que les militants ne sont pas venus les voir »
Pour un membre du parti islamiste Tawassoul, faire du porte-à-porte est crucial et peut faire une vraie différence dans un pays où le parti au pouvoir domine. « Mon expérience a montré que la plupart des gens qui sont inscrits sont souvent indécis parce que les gens [les militants ou candidats, NDLR] ne sont pas venus les voir, affirme-t-il. Si vous allez chez eux et que vous les rencontrez - c'est une marque de considération et beaucoup d'entre eux ne savent pas ce qu'il se passe au niveau de l'État, sur la place de l'opposition, comment ça fonctionne - que vous échangez avec eux et que vous leur expliquez la réalité du pays, en général, la plupart du temps, ils vous disent qu'ils n'avaient pas l'intention de voter mais que, puisqu'on est allé jusqu'à chez eux pour voter, ils répondent qu'ils vont voter pour vous ».
Dans les allées sablonneuses du marché tchip-tchip, gilets jaunes et bulletins de vote sous le bras, la quinzaine de militants de Tawassoul a continué à faire le tour des commerçants jusqu'à la tombée de la nuit.
Pour rappel, les Mauritaniens élisent leur prochain président samedi. Le sortant Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani est candidat à sa propre succession. Environ 1,94 million d'électeurs sont appelés à choisir parmi sept candidats, tous des hommes, lequel dirigera pendant cinq ans la Mauritanie.