Madagascar célébrait le 26 juin 2024, le 64e anniversaire de son indépendance. Une journée de liesse habituelle. Mais à Antananarivo, où un défilé milliaire a eu lieu, la cérémonie a été très encadrée : 3 000 éléments des forces de l'ordre ont été mobilisés dans la capitale, à la veille de la proclamation des résultats définitifs des législatives. Elles devraient confirmer l'avance de la coalition présidentielle alors que l'opposition et la société civile estiment le scrutin irrégulier. Or, les festivités nationales ont donc éclipsé, pour quelques heures, le climat politique tendu.
Dans un stade rempli par 40 000 personnes, Andry Rajoelina, qui dirige Madagascar, a d'abord tenu à s'adresser à ses troupes. « Avez-vous le courage de protéger la souveraineté nationale ? Avez-vous le courage de défendre l'État en place ? », lance le président du pays, aux forces armées.
Temps forts de la cérémonie : la traditionnelle parade militaire, un concert et, enfin, un feu d'artifice.
« Ça fait beaucoup d'argent dépensé pour les animations »
Vero, 27 ans, est venue profiter de ce grand spectacle. Mais pour cette étudiante en droit, il manquait de sobriété : « Je pense que c'est pour faire oublier tous les problèmes du peuple. C'est pour divertir les gens mais ça ne règle pas les problèmes. En plus, ça fait beaucoup d'argent dépensé pour les animations. »
Mamy, fonctionnaire, a voulu de son côté oublier un peu la politique, et il nie, en toile de fond de ces festivités, les tensions entre le régime et l'opposition : « Sur le climat politique, moi, je crois que c'est la démocratie et qu'il n'y a pas de conflits. Notre président est humble, simple et très modeste. Donc [cette cérémonie] n'était pas seulement une démonstration, c'était un grand jour pour les Malgaches. »
La fête aura mis entre parenthèses le contexte post-électoral tendu. Retour à la réalité ce 27 juin 2024 : la Haute Cour Constitutionnelle (HCC), plus haute juridiction du pays, doit se prononcer sur les résultats officiels des législatives et des irrégularités dénoncées.