OUAGADOUGOU — La Banque mondiale a lancé aujourd'hui (i) la Note sur la situation économique du Burkina Faso et le (ii) le Mémorandum économique pays (CEM).
La Note sur la situation économique souligne les tendances économiques récentes du pays et analyse les perspectives économiques à court et moyen termes. Mettant l'accent sur le renforcement de l'assistance sociale, l'édition d'avril 2024 intitulée « Maintenir l'élan de la réforme de l'assistance sociale », indique que l'économie a connu une croissance modeste de 3,2 % en 2023, essentiellement soutenue par le secteur des services, tandis que le secteur minier a été entravé par la crise sécuritaire.Aussi, l'impact des dépenses d'assistance sociale d'environ 2,6 % du PIB est, en termes de réduction de la pauvreté, freiné par l'inefficacité du système, en particulier sa fragmentation. L'accélération de la mise en oeuvre des réformes en cours comme le registre social unique et le Programme d'appui à l'autonomisation des ménages pauvres et vulnérables (PAMPV) pourraient permettre de lever les limites du système d'assistance sociale actuel.
Le CEM, un des documents analytiques majeurs de la Banque mondiale, analyse d'une part les évolutions économiques du pays au cours des décennies passées, et d'autre part, construit des scénarios de croissance à long-terme tout en formulant des recommandations de politiques publiques pour orienter l'économie vers une croissance plus efficace, durable et inclusive. Le document lancé ce jour note que la croissance économique du Burkina Faso au cours des dernières décennies n'a pas suffi à assurer une forte transformation structurelle de son économie, ni à réduire d'une manière significative la nombre de personnes vivant dans l'extrême pauvreté.
Le rapport propose des options politiques notamment, l'augmentation de la productivité agricole, une meilleure sophistication technologique des entreprises, une amélioration de l'allocation des ressources et de la productivité grâce à de meilleurs transports ainsi que la parité femmes-hommes. Il fournit par ailleurs des recommandations détaillées pouvant aider le pays à sortir du cycle d'aggravation de la fragilité en accélérant la croissance et en plaçant l'économie sur la voie du statut de pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure.
« Le CEM s'est fortement enrichi des échanges avec les chercheurs burkinabé et internationaux, lors d'un symposium organisé à l'Université Thomas Sankara de Ouagadougou en mars 2023. Le rapport de synthèse comprend de nombreuses options politiques dont le Burkina Faso peut se servir pour passer à un meilleur modèle de croissance » suggère Daniel Pajank, économiste principal pour le Burkina Faso à la Banque mondiale, et co-auteur du rapport.
Le Rapport national sur le climat et le développement (CCDR) Sahel qui a été présenté en même temps que les deux rapports précités pour ses éléments consacrés au Burkina Faso, analyse les contraintes imposées par les changements climatiques au développement de la région à long-terme et vise à identifier les politiques et mesures clés pour y faire face, à la lumière des priorités nationales des pays du Sahel en matière de développement et de climat. Il fait partie des six études diagnostiques fondamentales entreprises par la Banque mondiale dans tous les pays où elle intervient en vue d'informer ses opérations. Il appuie également la mise en oeuvre de la « Contribution déterminée au niveau national » (CDN) - plan d'action climatique- en priorisant les politiques et mesures clés pour accroître la résilience et réduire les émissions à la lumière des priorités du Burkina Faso en matière de développement et de climat.
Pour Hamoud Abdel Wedoud Kamil, représentant résident de la Banque mondiale au Burkina Faso, « La Banque mondiale en plus des financements qu'elle octroie est également une banque de connaissances. Les rapports lancés ce jour sont des outils d'aide à la décision et devraient contribuer à stimuler davantage l'innovation et au-delà les politiques publiques pour un plus grand impact sur les populations, notamment les plus vulnérables ».