Sénégal: Lutte contre l'anarchie dans les transports publics - L'Etat devra exprimer son autorité

La fermeté dont a fait montre l'Etat face aux meuniers et à la hausse des prix, sera nécessaire en vue de mettre de l'ordre dans le secteur des transports en commun de voyageurs notamment. Alors que les accidents, l'anarchie et les mauvais comportements sur les routes continuent d'être la marque du système, les autorités ont tendance à céder à la pression des syndicats de transports, au grand dam des usagers souvent laissé à la merci des transporteurs.

L'Etat a eu gain de cause dans sa volonté de réduire le prix de la baguette de pain. Les meuniers ont cédé face à la volonté de l'Etat de faire appliquer la diminution du prix de la baguette. Dernièrement, le gouvernement s'est aussi illustré à travers le déploiement des bus de la société de transport public Dakar Dem Dikk (DDD) pour le convoyage des Sénégalais en partance pour les régions de l'intérieur du pays, afin d'y célébrer la Tabaski.

L'usage des moyens de l'Etat, en plus d'impliquer les Forces de l'ordre (Armée et Gendarmerie nationale), a permis à beaucoup de Sénégalais de passer la fête chez eux, sans vivre la hausse vertigineuse des prix du transports qui sont passé du simple au triple. En visite à la gare des Baux Maraîchers, le 16 juin 2024, le ministre des Infrastructures, des Transports Terrestres et Aériens, El Malick Ndiaye, a promis de mettre de l'ordre dans le secteur en luttant, d'une part, contre les gares sauvages ou parallèles. Il a aussi annoncé la tenue, en juillet prochain, des Assises des transports.

Arriver à une organisation du secteur du transport exige une fermeté de la part de l'Etat. Il a été sans pouvoir lors de la hausse unilatérale des prix du transport imposée par l'Association de Financement des Transports Urbains (AFTU) dans les minibus TATA, en mars 2023. Les mises en garde du Directeur général du Conseil Exécutif des Transports Urbains Durables (CETUD), Thierno Birahim Aw, n'ont pas servi à grand-chose. Les transporteurs n'ont pas changé de position ; malgré «le risque de retrait de l'agrément de transport suivi de l'exclusion du réseau conventionné de l'AFTU», les prix sont en hausse, au grand dam des usagers.

Les coûts dans les transports publics à Dakar et dans les régions se résument au bon vouloir des transporteurs. En dehors des minibus, beaucoup d'acteurs avaient revu à la hausse les coûts de leurs prestations, à cause des restrictions liées à la Covid-19. Après la levée des mesures barrières, aucune baisse n'a été constatée. Les usagers se sont pliés à la volonté des conducteurs.

L'discipline sur les routes continue à coûter des vies. L'engagement d'introduire le système des permis à point se heurte à la forte résistance des syndicats de transports qui parviennent à différer l'échéance. Le transport en commun de voyageurs se caractérise par une anarchie.

Pourtant, à l'ouverture de la gare des Baux Maraîchers, le souhait de l'Etat était de concentrer tous les départs vers les régions (transport interurbain) et l'international (pays voisins) dans ce lieu. L'application de la règle n'aura été que de courte durée. Les transporteurs ont retrouvé la rue, en organisant des départs dans les quartiers, sans aucun contrôle.

Autre réalité, la circulation des motocyclistes est un enjeu majeur de sécurité publique. En plus des accidents, la population se plaint souvent de vol à l'arrachée ou d'autres actes répréhensibles causés par ses acteurs. La régularisation de ces moyens de transports, par l'immatriculation, avait été entamée. Les efforts restent minimes par rapport à l'ampleur du phénomène. La collision d'une moto avec un Bus rapid transit (BRT) qui circule sur une voie exclusive, atteste de l'imprudence de certains de conducteurs de ces deux roues.

Dakar est une capitale où le respect des voies de circulation n'est pas dans les habitudes. Des charretiers, pourtant interdites d'accès à certaines artères, y font la course avec des autonomistes. Dans le système de transport, on peut aussi déplorer les nuisances causées par les gros porteurs dont la circulation est pourtant règlementée, arrêté dans la capitale, aux heures de pointe. Ils sont impliqués dans des accidents et leur circulation à certaines heures de la journée, plombe la mobilité des usagers. La surcharge de ces moyens de transport contribue aussi à la dégradation des routes.

Malgré l'instauration du contrôle de la charge à l'essieu, des pratiques qui ne concourent pas à la préservation des routes continuent d'être constatées. Accentuant ou précipitant la dégradation des routes.

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