En mission dans l'est de la République démocratique du Congo, le Première ministre congolaise, Judith Suminwa, a rendu visite jeudi aux personnes déplacées à Goma, en raison du conflit avec les rebelles du M23, où un tir d'obus avait fait 35 morts en mai dernier selon les autorités. Là-bas, elle a été catégorique, insistant sur le fait que la RDC ne négociera pas avec son voisin rwandais.
Sous une haute sécurité, Judith Suminwa, la Première ministre du Congo, accompagnée de quelques membres de son gouvernement et du gouverneur militaire, a été accueillie par une centaine de personnes au camp Cepac (la Communauté des Eglises de Pentecôte en Afrique australe) à l'ouest de Goma.
Face à des déplacés désespérés par leur situation, Judith Suminwa a déploré les conditions de vie dans le camp, et promis de trouver une solution définitive à leur situation, retrace notre correspondant à Goma, Héritier Baraka. « Ce que vous vivez, ne peut accepter de le vivre et d'être heureux. Comme l'a demandé le chef de l'État, nous allons prendre nos responsabilités en tant que gouvernement », a-t-elle assuré.
Parmi la foule qui suit la prise de parole de la cheffe du gouvernement, Mwamini Karungu, originaire du Masisi, dit souffrir au camp. Elle appelle les autorités à l'aide pour lui permettre de regagner son village. « Je suis contente de la visite de la Première ministre. Elle nous a dit des paroles importantes, nous assurant qu'elle fera le suivi afin que nous puissions regagner notre chez nous. »
Le chef du camp, Janvier Luanda, ne dit pas autre chose : le gouvernement doit selon lui prendre ses responsabilités et soutenir les déplacés. « Il faut aussi que les soins médicaux soient gratuits ici parce que nous souffrons quand nous allons aux hôpitaux, il y a tant de malades qui sont bloqués par manque de moyens », déplore-t-il.
« Des actions fortes et des sanctions ciblées » contre Kigali
Le 3 mai dernier, un obus est tombé dans ce camp, faisant au moins 35 morts selon les autorités congolaises et 15 selon les responsables du camp. Le M23 soutenu par le Rwanda a été pointé du doigt par Kinshasa. Judith Suminwa a par ailleurs réitéré la position de la RDC face aux tensions récurrentes avec le voisin rwandais. « Je pense que le chef de l'État a été clair : nous n'allons pas négocier avec ceux qui nous agressent », a déclaré à la presse la nouvelle Première ministre congolaise. « Les voies diplomatiques » doivent « contraindre l'agresseur à arrêter », a-t-elle ajouté, alors que des combats se poursuivaient dans la région.
Au même moment, à Kinshasa, Thérèse Kayikwamba Wagner, nommée ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement investi le 12 juin, rencontrait pour la première fois le corps diplomatique. Elle a, elle aussi, dénoncé « l'agression rwandaise contre la RDC » et appelé à « des actions fortes et des sanctions ciblées » contre Kigali. La RDC « attend plus que des condamnations verbales » de la part des membres du Conseil de sécurité de l'ONU, a-t-elle insisté.
Médiation de l'Angola
Dans le même temps, le président angolais, João Lourenço, en visite officielle pour quatre jours en Côte d'Ivoire, a déclaré jeudi que des négociations étaient en cours pour organiser « très prochainement » une rencontre entre Paul Kagame et Félix Tshisekedi, ses deux homologues rwandais et congolais, afin de parvenir à la paix dans l'est de la RDC.
Face à la presse jeudi, le président angolais, médiateur de la crise dans l'est de la RDC, a réitéré son engagement à résoudre ce conflit par la voie de la négociation. Une telle rencontre entre les deux dirigeants est en effet à l'étude depuis le début de l'année, mais ne s'est pas encore concrétisée.
Nous sommes en train de négocier au niveau ministériel dans la perspective de très prochainement pouvoir mettre ensemble les deux chefs d'Etat de la RD et le président du Rwanda pour un échange direct sur cette situation, dans l'objectif de parvenir à la paix dans ces deux pays. João Lourenço, président angolais