L'historienne Françoise Raison-Jourde, cette grande dame qui a consacré la moitié de sa vie à la recherche sur l'histoire de Madagascar, n'est plus. Professeure en histoire, elle a formé des illustres en l'occurrence le Pr Lucile Rabearimanana, le Pr Manassé Esoavelomandroso, le Pr Solofo Randrianja, ld Pr Tovonirina Rakotondraibe, Jean Roland Randriamaro et Benjamina Marcel.
Ses écrits ont également inspiré les jeunes chercheurs, bien qu'ils n'aient malheureusement pas eu la chance de la rencontrer. Oui, elle avançait non seulement des idées suscitant des réflexions accrues, mais elle avait aussi une plume ultra-aiguisée.
En outre, elle a eu le privilège d'enseigner à Madagascar (1965-1973). Fortement attachée à la Grande-Île, elle y séjourne fréquemment pour accomplir sa noble mission, déterrer et analyser méticuleusement les récits du pays. Sa volumineuse thèse de 840 pages, « Bible et pouvoir à Madagascar : invention d'une identité chrétienne et construction de l'État » est une référence pour les érudits quelque soit leur discipline. #Témoignage. « Je me souviens d'une dame d'une simplicité incroyable, toujours prête à partager son intelligence historienne d'une grande valeur. Un esprit fin connaisseur de l'histoire de Madagascar. Pour moi, elle représente le Royaume de Madagascar à travers son livre Bible et pouvoir. Mais plus encore, historienne d'une curiosité sans égale, elle a apporté des contributions inestimables sur les questions du processus de construction nationale et de l'émergence comme l'évolution de la notion du pouvoir à Madagascar.
Quand j'avais lu Bible et pouvoir, j'avais pensé qu'elle serait une personne inaccessible et pourtant elle a cette simplicité d'une mère bienveillante. Lorsque j'étais à Paris, je la voyais presque une fois par mois et c'était toujours un plaisir incroyable. Elle partageait sa passion de l'histoire de Madagascar. C'était très contagieux. Elle me disait toujours qu'il faut qu'on continue les recherches. Elle me parlait de Tovo, de Randrianja ou encore Benjamin et j'ai compris qu'elle tenait à ce pays et qu'elle avait formé des générations d'historiens pour Madagascar. Je comprends car je ressens aussi un vide, une absence.
On dirait qu'on ne sera jamais à la hauteur de la mission. On veut qu'elle soit là pour guider et pourtant », s'est attristé le Dr Samuel F. Sanchez. C'est également avec un cœur criblé de chagrin que le Docteur en histoire Denis Alexandre Lahiniriko raconte ses souvenirs. « Pour moi, elle représente le Royaume de Madagascar à travers son livre 'Bible et pouvoir'. Mais plus encore, elle était la meilleure spécialiste du royaume merina ainsi que l'impact du christianisme sur la société malgache contemporaine. Ses écrits sont incontournables pour tout historien qui veut réfléchir sur les réalités de ce pays. Un de ses livres qui m'a beaucoup marqué est « les souverains de Madagascar ». Aucun spécialiste des sciences sociales sur Madagascar ne peut faire l'économie de la lecture de ce monument ».
En effet, Françoise Raison-Jourde a laissé un héritage inestimable en transmettant l'importance de l'histoire du continent africain en général, de Madagascar en particulier. La grande dame est partie, mais ses oeuvres seront éternellement gravées dans la mémoire historique.