Burkina Faso: Distribution frauduleuse d'eau courante - Des concurrents en sous-main de l'ONEA alpagués

Les responsables de la section recherches de la 3e légion de gendarmerie de Ouagadougou, en collaboration avec des représentants de l'Office national de l'eau et de l'assainissement (ONEA), étaient face à la presse le jeudi 27 juin 2024. Motif de la rencontre avec les professionnels des médias, la présentation de présumés éléments d'un réseau de distribution frauduleuse de l'eau courante dans les ménages.

Belle prise, pourrait-on dire, que celle que vient d'opérer la section recherches de la 3e légion de gendarmerie de Ouagadougou ! Des individus peu scrupuleux qui se rendaient auteurs de soustractions frauduleuses du liquide précieux de l'ONEA distribué dans les ménages ont, en effet, été arrêtés.

Tout est parti d'une plainte écrite contre X, pour « soustraction frauduleuse d'un réseau de distribution de l'eau courante », de la part de la Nationale de l'eau. Cette plainte, reçue le 16 février dernier par la Cellule économique et financière de la section recherches de la 3e légion de gendarmerie de la capitale, a été le début d'un processus savamment mené pour démasquer les truands.

Selon la déclaration liminaire livrée par le responsable de la cellule mentionnée plus haut, l'adjudant-chef Aimé Yaméogo, depuis un temps relativement long, l'ONEA, à travers ses cinq agences disséminées à Ouagadougou, vit un certain nombre de difficultés en rapport étroit avec la fourniture de l'eau, et également à la dégradation continue de ses installations.

Raisons invoquées : « des comportements peu orthodoxes de consommateurs, mais aussi de certains aspects techniques ». On en est arrivé à la conclusion que « de nombreuses personnes se rendent auteurs de soustractions frauduleuses d'eau et ce, avec la complicité de plusieurs acteurs pétris de connaissances en la matière ».

Selon l'adjudant-chef Yaméogo, l'enquête ouverte sur cette affaire et sur instruction du procureur du Faso près le Tribunal de grande instance (TGI) Ouaga I a permis de constater l'effectivité de la consommation frauduleuse d'eau au préjudice de l'ONEA.

Des procédés utilisés par les ménages suspects figurent en bonne place la consommation frauduleuse par l'utilisation de compteur non conventionnel, par branchements directs, par bris de scellés, et les obstacles faits à dessein aux releveurs des compteurs par l'inaccessibilité des cours, soit par fermeture hermétique ou par la présence de chiens-gardiens.

Il est à préciser que l'enquête de la Cellule économique et financière de la section recherches de la 3e légion de gendarmerie a concerné toutes les agences de l'ONEA relevant du ressort territorial de la direction régionale de Ouagadougou. Il s'agit notamment des agences du Centre, de Tampouy, de la ZAD (Zone d'activités diverses), des 1 200 logements et de Gounghin.

Rien que pour la seule agence de la ZAD, indique la déclaration liminaire, courant 2020-2023, les pertes sont estimées à 30 862 606 F CFA.

Dans cette affaire, sur 42 ménages soupçonnées, 23 ont fait l'objet d'enquête et 5 individus présumés auteurs et complices seront présentés au procureur du Faso près le TGI Ouaga I pour suite à donner.

Selon toutes vraisemblances, d'autres cas de branchements frauduleux ont cours actuellement dans la capitale et ailleurs. La Cellule fonde alors l'espoir que les enquêtes qui se poursuivent permettront bientôt de démasquer d'autres présumés auteurs ou complices des cas de fraude.

En attendant, il est rappelé aux populations que la « Soustraction frauduleuse d'un réseau de distribution de l'eau courante » constitue un délit. Il est prévu et réprimé par le Code pénal en ses articles 611-18 et suivants.

Pour mettre fin à ces « pratiques qui ne profitent qu'à des individus mus par le gain facile au détriment de tous », les hommes du lieutenant Justin Bagré, commandant de la section recherches de la 3e légion de gendarmerie de Ouagadougou, les invitent à toujours faire instamment dans la dénonciation. Des numéros ont été dégagés pour cela et sont le 10 10 pour le Centre de veille et d'alerte, le 16/80 00 11 45 pour la gendarmerie, le 17 pour la police nationale.

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